A la recherche de l'épée perdue [Aemon]

Eloïse suivait son maitre. Plus ça allait, plus elle le trouvait gentil et avenant. En vérité, Eloïse n'aimait pas du tout avoir été vendue, mais plus ça allait, plus elle trouvait que Aemon était davantage un cmpagnon de route plutôt qu'un maitre.

Au fond d'elle, son comportement avait changé. L'épisode traumatisant de la cabine d'essayage n'était plus qu'un lointain mauvais souvenir. Et plus elle regardait Aemon, plus son coeur battait vite et ses joues s'empourpraient légèrement. Etait-elle en train de... ?

Elle enleva de son cerveau cette idée qui lui paraissait pour le moins saugrenue et écouta les paroles de son compagnon. L'arbre mère, un concept assez bizarre.

Elle s'arrêta nette sur la route et le contempla dans toute sa hauteur. Elle avait une vue perçante et se mit à le décortiquer sous toutes ses formes. Il était beau, grand et majestueux. C'était comme si un petit village avait vu le jour dans le tronc. Très étrange.

Elle ne dit rien et continua le chemin. Lorsqu'Aemon lui caressa la joue, Eloïse devint toute rouge et commençait à bafouiller des mots incompréhensibles:

Je... Peut-être que si... Hum

Pourquoi une simple caresse l'avait mise dans cet état ? C'était incompréhensible...

Ils arrivèrent enfin à l'arbre mère et Eloïse retint qu'elle devait avoir l'air malheureuse et prit son air le plus triste du monde.

Elle lança alors un regard interrogateur à son maitre, sachant que seul lui, à partir de maintenant pourrait prendre des initiatives. Mais elle lui faisait totalement confiance...

Aemon jouait parfaitement son rôle de maitre, et Eloïse s'amusait des reflexions dures qu'il lui faisait pour paraître crédible.

Elle aussi, jouait son rôle à merveille, en prenant l'air le plus triste du monde devant la mauvaise humeur de son maitre.

Lorsqu'elle fut bousculée par un sylve, Aemon réagit au quart de tour et faillit mettre en péril le plan. Elle avait vu à ce moment précis, la fureur du lycan dans son regard.

Pour essayer de rattraper le coup, Eloïse baissa la tête et se mit à genoux devant l'inconnu et s'excusa platement:

Excusez-moi monseigneur, c'est entièrement de ma faute. Je vous ai bousculé.

L'inconnu s'éloigna en pestant mais Eloïse savait qu'il avait relevé les yeux de Aemon.

Elle était assez d'accord avec lui, ils devaient passer plus inaperçus. Elle acquiesca donc lorsque ce dernier lui proposa une cape.

Ils avancèrent encore un peu et Eloïse se demanda comment ils allaient faire pour retrouver le sylve. En frôlant une pancarte, une affichette se détacha et vint choir devant les pieds d'Eloïse qui la lut et avec un petit sourire la tendit à Aemon en murmurant:

Un ange attire toujours la bonne fortune même si dans le cas d'Eloïse ce fut plutôt le contraire.

Sur le papier, on pouvait lire:

Le seigneur Izanari recherche des esclaves pour la soirée qu'il a l'intention de donner ce soir. Forte rémunération pour le maitre si l'esclave convient. Merci de vous présenter à la troisième rue, croisée des chemins est et nord.

De plus, le seigneur Izanari tient à préciser qu'il aura les pleins pouvoirs sur les esclaves et que les maitres renoncent à leur droit sur l'esclave pendant cette soirée.

Début des rencontres : 14H00

Eloïse était perplexe quant à cette soirée où elle flairait le traquenard. En fait, ce n'était pas vraiment étonnant vu que la petite ange était tout le temps en train de tomber dans des traquenards quoiqu'elle fasse.

Aemon lui avait acheté une grande cape, et maintenant, seul son petit minois semblait émerger de ce long et large tissu. C'était mieux ainsi, au moins, maintenant, ses attributs angéliques étaient cachés. Et les deux comparses se fondaient mieux dans la foule qu'avant.

Elle remarqua, en écoutant Aemon, que ce dernier se montrait hésitant quant à cette soirée. Elle le comprenait. Si ce n'avait pas été pour récupérer son épée, Eloïse ne se serait jamais embarquée dans une histoire où tant d'inconnues subsistaient.

Elle hocha plusieurs fois la tête lorsque le lycan lui fit part de son plan. Elle sourit, puis lui posa une question:

D'après ce que j'ai compris, tu ne pourras me laisser anonymement pour la simple et bonne raison que la récompense va au maitre... Maintenant, rien ne t'empêche de te déguiser pour m'emmener...

La file était assez impressionnante. Les maitres et leurs esclaves étaient légion mais bon nombre d'entre eux repartaient bredouilles. Eloïse vit alors un maitre frapper son esclave qui n'avait pas été choisi pour la soirée, tout près d'eux et eut un large pincement au cœur pour le malheureux.

Eloïse était comme ça, au lieu de se soucier de son sort, elle se préoccupait du sort des autres. Ils attendirent un long moment, puis ce fut à leur tour. Aemon se présenta sous une fausse identité et elle aussi. Eve, très bien, elle s'appellerait désormais ainsi.

Lorsque Aemon prononça le mot ange, une étincelle apparut dans les yeux de celui qui apparaissait comme Izanaru. Un très grand sylve, surement notable, dont la carrure était assez impressionnante.

Lorsqu'Aemon signa la décharge, un large sourire apparut sur le visage du Sylve. Eloïse capta le dernier regard de son maitre, avec un petit pincement au coeur lorsque ce dernier disparut de la pièce.

Un sylve s'approcha alors d'elle et la conduisit sans ménagement dans une pièce à côté où s'entassaient les esclaves retenus. Il lui passa des fers aux poignets et aux chevilles et la fit violemment asseoir dans la pièce.

Elle ne dit rien. Eloïse se contenta de regarder les autres esclaves. Il y avait des gens de toute sorte, mais d'après ce qu'elle put voir, elle était la seule ange. Elle resta ainsi assise pendant de longues heures.

Une fois la fin de l'après midi atteinte, un sylve vint les embarquer dans un petit véhicule, une charrette prison, et les conduisit au domaine d'Izanari.

Ils furent alors débarqués sans ménagement et mis dans une pièce commune. Des servantes vinrent leur enlever leur vêtements et Eloïse se retrouva nue. Tout le monde avait les yeux fixés sur ses ailes et elle dut prier fort pour ne pas être gêné, d'une part d'être entièrement nue, d'autre part d'être à côté d'un esclave masculin aux attributs plus que conséquents.

Les servantes les firent aligner contre le mur et un jet d'eau froide atterrit alors sur les esclaves pour les laver. Eloïse éternua devant ce traitement assez dur.

Ils étaient une bonne vingtaine d'esclaves, plus ou moins résignés. A la fin de la douche, des servantes vinrent emporter les esclaves un à un afin de les préparer. A priori, c'étaient des eunuques qui n'avaient pas le droit à la parole. C'est du moins ce qu'en déduisit Eloïse.

Son eunuque l'emmena dans une petite chambre et la prépara. Son habit du soir consistait en un corset de cuir serré par des lanières et une culotte en cuir aussi, laissant ainsi ses jambes nues.

L'eunuque faisait son travail consciencieusement et Eloïse ne put s'empêcher de lui parler, pour casser ce silence pesant:

La soirée consiste en quoi ?

Seul un lourd silence lui répondit et l'eunuque, une fois qu'il eut fini de la préparer l'emmena à travers les couloirs de ce qui lui semblait être une large demeure.

Elle arriva finalement devant une petite cage et l'eunuque la poussa sans ménagement à l'intérieur.

Elle était de nouveau prisonnière...

Un peu plus tard, d'autre servants vinrent pour emmener les cages où se trouvaient les esclaves. Elle se retrouva alors dans une vaste salle de réception, immense. Les servants accrochèrent la cage en hauteur afin que tous les invités puissent avoir vu sur elle.

Le maitre de maison apparut alors, un sourire aux lèvres, contemplant sa salle de réception avec une joie non dissimulée. Il fit alors un signe et les eunuques vinrent appliquer une piqure à chacun des esclaves. Eloïse détestait les piqures mais n'ayant pas la force de résister à travers les barreaux de la cage, se fit avoir par la seringue et s'endormit.

Ou suis-je ?

Dans une cage...

Eloïse ouvrit un œil vitreux. On l'avait drogué. Elle constata alors que la salle était remplie d'invités et qu'elle se trouvait accrochée quelques mètres au dessus du sol dans la cage. Elle constata également qu'il en était de même pour les autres esclaves.

Le corset la serrait, mettant en valeur sa poitrine. Ses ailes étaient bel et bien visibles. Elle eut soudainement assez peur et se sentait toute chose. Elle chercha alors du regard, dans l'assistance, Aemon...

Eloïse était prisonnière de la cage. La piqure administrée quelques heures plus tôt semblait avoir annihilé toute volonté chez l'ange. Elle avait les yeux vitreux et tenait à peine sur ses jambes.

Pour le moment, elle était écroulée dans la petite cage, incapable de se relever. Le corset la serrait et l'empêchait un peu de respirer normalement.

Et puis, les enchères commencèrent. Elle ne comprit pas tout de suite de quoi il s'agissait tellement son cerveau était embrumé. Le discours de l'hôte, les cris de la foule nombreuse, tout ceci résonnait dans son cerveau lui causant un horrible mal de crâne.

Elle cherchait désespérément Aemon du regard, mais ne parvint pas à le localiser dans cette marée humaine et hurlante.

Soudain, la cage bougea. Eloïse s'agrippa alors aux barreaux pour ne pas se faire valdinguer de gauche à droite. Une fois arrivée sur le sol, deux eunuques ouvrirent la porte et la sortirent de force en la soutenant.

Un homme approcha. Il était masqué. Il demanda alors aux eunuques de la lâcher sous les cris de la foule. Eloïse s'écroula alors à ses pieds, ses jambes ne la portant plus. L'homme commença d'abord à rire fortement devant la vision de l'ange sur le sol. Puis, il fit un signe de la main et les deux eunuques la relevèrent.

L'homme sortit un bon paquet d'argent et le donna à ce qui semblait être un intendant en chef, puis il fit signe aux eunuques, en désignant une petite porte en retrait de la salle principale. Un salon privé, très certainement.

Les deux eunuques trainèrent Eloïse jusqu'à la porte, l'ouvrirent et la lancèrent violemment à l'intérieur. L'homme entra à son tour puis claqua la porte.

Les sens d'Eloïse n'étaient pas en éveil. Comme si cette piqure l'avait profondément droguée. Sa vision était embrouillée et elle distinguait mal les contours de la salle. Elle y repéra néanmoins un canapé, un lit, une table et quelques chaines au mur. Elle ne remarqua pas les instruments de torture savamment disposés sur une petite table dans un coin obscur.

La salle était assez grande mais extrêmement sombre. Elle essaya alors de distinguer l'homme mais il portait un masque et était vêtu d'une longue cape. Impossible de savoir qui il était, ni même ce qu'il voulait.

Sa vue perçante lui faisait défaut.

Elle frissonna alors et ressentit un sentiment familier. Son épée ! Son épée devait être proche d'elle ! En effet, le rapport entre Eloïse et sa petite épée était assez particulier et elle pouvait ma sentir lorsqu'elle était proche. Elle ne savait ni pourquoi ni comment, mais c'était comme si son propre sang circulait dans les veines de l'épée...

Eloïse frissonna encore et se mit à trembler. L'homme restait immobile dans la pièce, se contentant de la regarder ramper en silence, se délectant de son impuissance à résister...

Eloïse rampait sous le regard de l'inconnu. Sa tête était empli de douleur, comme si un troupeau de vaches étaient en train de lui piétiner le cerveau et annihiler ce qui lui restait de conscience. Le corset la faisait également souffrir. Elle avait l'habitude des vêtements amples et être soudainement emprisonnée dans un carcan de cuir lui était fortement désagréable.

Soudain, un rire glauque se fit entendre et arracha un frisson d'effroi à la petite ange. Ce qui lui restait de lucidité lui criait de s'enfuir. En outre, elle sentait son épée proche, si proche...

Une main l'agrippa brutalement au collet et la souleva de terre comme un fêtu de paille. Eloïse tenta de hurler, de se débattre ou encore de donner des coups de pied à son acquéreur. Mais la drogue avait fait son effet et avait quasiment annihilé tous ses reflexes.

L'homme approcha la tête d'Eloïse de son masque et l'ange put sentir un souffle rauque se dégager de cette façade horrible.

Puis tout alla très vite et en moins de temps qu'il fallait, elle se retrouva enchainer face au mur. Sa tête ainsi tourner ne pouvait contempler que les briques grises et froides.

Elle eut soudainement peur lorsqu'elle s'aperçut qu'elle ne pouvait pas savoir ce qui se tramait derrière elle.

L'homme semblait se déplacer jusqu'à un coin de la pièce. Eloïse dont les poignets et les chevilles étaient maintenant entravés dans les lourdes chaines du mur frémit d'horreur.

L'homme revint derrière elle et lui donna une violente claque dans les fesses puis elle sentit sa respiration contre son oreille. Elle s'attendit à ce qui lui parle mais seul le silence régnait.

Eloïse ne comprenait pas. Elle croyait que les sylves étaient des êtres pacifiques, mais peut-être s'était-elle trompée... Ou alors, l'homme n'était pas un sylve...

Et puis le traitement commença et des coups de fouet atterrirent sur les fesses et sur le dos de l'ange. Elle ne cria point, ni ne hurla, droguée qu'elle était. Elle se contenta juste de prier et de souffrir le martyr en silence...

Les morsures du fouet sur sa peau lui faisaient horriblement mal...

Eloïse frémissait et souffrait le martyr sous les coups de fouet de l'inconnu. Elle pleurait à chaudes larmes, seule face au mur froid.

Chaque coup lui lacérait les chairs et la marquait un peu plus profondément. Elle priait, se demandait pourquoi l'homme masqué agissait ainsi. Mais elle était faible... D'une part à cause de la piqure, mais aussi à cause de sa faiblesse physique.

Elle ne supportait pas le fait de ne pas être une ange guerrière forte qui se battait pour ses idées et pour la paix de ce monde. Le destin avait fait d'elle une petite fille faible qui ne pouvait guère se défendre, et destinée à être esclave, donc à souffrir toute sa vie.

Ce point l'horripilait et elle aurait voulu mourir pour renaitre forte et majestueuse. Tout son corps la faisait souffrir et elle s'en voulait terriblement d'être née faible.

Les coups de fouet devinrent plus soutenu et le dos, les fesses et les cuisses d'Eloïse commençaient serieusement à devenir rouge cramoisi.

Puis le traitement s'arrêta subitement. Eloïse ne pouvait pas voir ce qui se tramait derrière elle, mais tressaillit lorsqu'elle sentit le souffle de son bourreau sur sa nuque. Ce dernier ne parlait toujours pas et cela lui faisait peur.

Puis, elle sentit les mains de l'inconnu sur ses hanches, passant nonchalament son index sur la naissance des fesses de l'ange. Et puis, d'un coup brutal, elle sentit sa culotte se baisser jusqu'aux genous et hurla.

Noooooooooooooon !

Ses fesses rebondies, rougies et ensanglantées par le traitement du fouet étaient désormais fournies à la vue de tous. Elle se débattit, essaya de resister mais les chaines solidement attachées l'entravaient complètement.

Son esprit se mit alors en boucle, et elle sentait que le liquide injecté annihilait toute force de volonté. Doucement, et avec l'aide de la piqure, son côté démone apparut petit à petit, lui inspirant des envies de meurtre dans son cerveau embrumé.

Eloïse, en tant normal, savait parfaitement géré sa double personnalité. Mais la situation ne lui permettait plus de lutter contre cette facette de sa personnalité.

A bien regarder, et si on y prétait attention, un observateur attentif aurait vu sa petite corne rouge grandir un tout petit peu et devenir un peu plus rouge, signe que son côté démon était en train de prendre le dessus.

Eloïse n'avait plus aucune volonté et ne luttait plus. Des pensées démoniaques remplaçait sa nature angélique et petit à petit, ses yeux se révulsèrent, sa personnalité s'effaçait pour ne laisser apparaître que son côté démon, courtoisie de son père.

Perdue dans ses pensées, elle ne prêta pas attention à ce que l'agresseur faisait et sursauta lorsqu'elle sentit que ce dernier lui écartait les fesses pour placer à l'entrée de son anus un immense gode.

Eloïse, d'une voix que l'on ne lui connaissait pas, plus rauque, emplie de haine, vociféra alors:

Tu fais ça et je te tue ! Saleté de pervers, je te découperais en morceau, je te tuerais et donnerais tes restes à manger aux chiens errants !

Sa personnalité avait complètement changé, devenant agressive et tueuse. La petite Eloïse angélique avait maintenant laissé place à la démone qui sommeillait...

L'homme ne dit rien et se contenta de rester ainsi, poussant un tout petit peu l'énorme gode contre l'anus d'Eloïse.

Cette dernière était devenue une furie, tirant fortement sur ses chaines. On dit que la colère rend aveugle et confère une plus grande force à celui qui se laisse envahir. Et bien, c'est exactement la définition de la partie démoniaque d'Eloïse.

Si le bourreau avait prêté attention, il aurait vu que la force d'Eloïse avait décuplé et que les chaines commençaient à céder du mur...

Mais l'homme était concentré sur un autre événement et finalement, lorsque la porte s'ouvrit pour laisser place à l'eunuque, enfin au lycan déguisé, ce dernier prononça d'une voix moqueuse:

Bonjour Aemon ! Cela fait longtemps, depuis que tu as quitté la meute comme un lâche à vrai dire... Je ne te savais pas faible au point de prendre un ange sous ta protection... Ah, une dernière chose, si tu tentes quoi que ce soit, la petite se retrouvera avec ceci dans son anus...

L'ange dont il parlait était devenue une démone... Et les chaines commençaient à céder sous la fureur démoniaque...

Eloïse était coupée du monde. Elle n'entendait plus les voix d'Aemon ou de Gerik. Elle était devenue monomaniaque et un seul objectif l'interessait: tuer celui qui l'avait fait souffrir.

Elle tirait comme une démente sur ses chaines, son corps était pris de convulsion sous le coup de la colère démoniaque qui l'avait envahie. Elle tirait, tirait toujours plus fort.

Et ce qui devait arriver arriva. Les chaines lâchèrent dans un lourd craquement et l'ange, ou plutôt la démone tomba lourdement au sol.

Elle n'entendit pas l'appel inquiet de son maitre et se releva. Gerik trop absorbé par sa victoire imminente n'avait pas assez pris en compte l'ange, et était obnubilé par sa vengeance personnelle.

Eloïse attrapa le bout de la chaine pendant à son poignet droit avec sa main gauche, et le bout de la chaine pendant à son poignet gauche avec sa main droite. Désormais les deux bouts de chaine formaient un garrot parfait entre les mains de l'ange. La vue était saisissante, vu que sa culotte était au niveau de ses genoux et son intimité dévoilée.

Lorsqu'elle se releva, ses yeux étaient révulsés et injectés de sang et tout son corps était saisi de tremblements obscènes. La piqure, la torture avait eu pour effet que la démone en elle prenne le pouvoir sur l'ange, héritage de son père.

Elle fondit alors en un éclair sur Gerik et entrava sa gorge avec le garrot improvisé, tout en plaçant ses deux pieds contre la colonne vertébral de ce dernier. Ses ailes se déployèrent alors pour lui donner plus de puissance.

Eloïse tirait comme une acharnée, tentant d'étrangler ou de décapiter le pauvre lycan. D'une voix rauque et sombre, qui contrastait avec sa nature angélique, elle vociféra:

Tuer... Je vais te tuer...

Gerik résistait avec sa force de lycan, comme il pouvait mais pris par surprise s'était laissé avoir. Il n'avait pas prévu la rébellion de l'esclave, mais personne, à vrai dire, ne pouvait soupçonner ce qui arrivait maintenant...

Eloïse tirait de toute ses forces...

Eloïse tirait encore et toujours, telle une forcenée qu'elle était devenue. La force de ses ailes plus celle de ses jambes allait bientôt avoir raison de la vie de Gerik. Et puis, elle reçut Aemon de plein fouet et tomba lourdement au sol.

Cela ne lui avait pas du tout plu d'être ainsi interrompue, et elle le fit savoir en hurlant et en vociférant des insultes à l'encontre des deux lycans.

Pendant ce temps, Gerik était en train d'agoniser au sol. Une violente gifle atterrit alors sur la joue d'Eloïse, ce qui eut pour effet de remettre ses idées en place.

Elle s'écroula alors pendant que son maitre achevait son ancien compagnon de meute. Eloïse était étendue au sol, sa culotte au niveau des genoux et le dos, les cuisses et les fesses lacérées de morsure terrible du fouet.

Son cerveau avait repris un minimum de raison et l'ange luttait à nouveau contre son démon intérieur et sa colère. Ses forces la quittaient petit à petit et elle était épuisée de cette soudaine crise de colère l'avait complètement vidée.

Ses yeux étaient redevenues normaux mais de grands flots de larmes coulaient le long de ses joues. Elle s'était aperçue de ce qu'elle avait fait et c'était la première fois de sa vie qu'elle avait laissé le démon s'emparer de son corps et tenter de tuer quelqu'un.

La vision de Gerik agonisant faillit la faire défaillir. De plus, lorsqu'elle réalisa que c'était elle qui avait tenté et quasiment réussi à le tuer, elle ne put réprimer un long cri de douleur. Même si ce dernier l'avait torturé, ce n'était pas à elle de décider s'il pouvait vivre ou non.

Eloïse, redevenue normale, semblait donc inconsolable. La vision était assez surréaliste car la petite ange serrée dans son corset qui mettait en valeur sa poitrine, et son intimité découverte, sa culotte en cuir au niveau des genoux, était en pleurs.

Elle sentait que son épée était proche. Lorsqu'Aemon revint vers elle, elle bredouilla d'une voix triste:

Il... Il est mort ?

Eloïse était livide...

Eloïse n'avait pas vraiment le temps de s'apitoyer sur son sort. Elle était redevenue la petite ange frêle et douce. Elle fit un large sourire à Aemon lorsqu'il lui parla pour la rassurer. Son coeur était meurtri pour deux raisons, la première car elle n'avait pu contenir le démon en elle, la deuxième car elle avait tué quelqu'un.

Elle se sentait bien tout contre la poitrine d'Aemon et son cœur se mit à battre un peu plus vite.

Eloïse se releva alors difficilement et s'aperçut que sa culotte était baissée. Elle devint rouge et la remonta afin de cacher son entrejambe.

Ses jambes ne la portaient presque plus et elle proposa à Aemon:

Mon épée est proche, je la sens. Il n'y a pas un instant à perdre. Prends le masque et la cape de Gerik et mets-les. Ainsi, personne ne se formalisera. Attache-moi les poignets ou tire sur mes chaines pour m'emmener. Je t'indiquerais où aller. Et...

Eloïse se stoppa les larmes aux yeux. Puis, dans un mouvement qu'elle ne comprit pas, embrassa furtivement les lèvres d'Aemon.

Merci de tout ce que tu fais pour moi...

Il n'y avait pas un instant à perdre. Eloïse, pour une raison mystérieuse, tenait absolument à retrouver son épée. Et elle était proche, dans une pièce non loin de celle où ils se trouvaient.

Le plan d'Eloïse semblait fonctionner. Aemon la tirait et par quelques tractions légères sur la chaine, l'ange lui indiquait la direction à prendre. Malgré la torture et sa colère passée, Eloïse se sentait bien. Pour la première fois de sa vie, elle se sentait utile et par ce biais, avait le sentiment d'exister.

Les convives ou les eunuques qu'ils croisaient sur leur chemin ne prêtait guère attention à cet invité masqué et son esclave. Par ce subterfuge, ils passaient totalement inaperçus...

Ils arrivèrent enfin devant la porte et le signal se fit plus fort. Son épée était derrière cette porte, elle en était sûre. A vrai dire, elle trouvait cela assez bizarre de pouvoir repérer cette épée. Le sentiment qu'elle en dégageait était assez mitigé. Elle ne comprenait pas, mais c'était comme si son sang bouillonnait inversement proportionnellement à la distance qui la séparait de son bien. Etrange...

Eloïse regarda alors Aemon enfoncer la porte d'un bon coup de poing bien placé puis elle se précipita à l'intérieur tandis que ce dernier faisait le guet.

Elle ne mit pas longtemps à retrouver son bien. Sa petite épée était là, entassée parmi de multiples autres lames et Eloïse la trouva illico.

Elle fit un signe à Aemon en lui montrant sa petite épée avec un sourire de victoire sur ses lèvres. Son arc et son armure n'était en revanche pas dans la pièce mais qu'importe, car le seul objet qu'elle voulait retrouver était sa chère et tendre épée.

Des cris retentirent alors et Aemon la pressa. Elle l'écouta attentivement et se mit à réfléchir. Son corps la faisait horriblement souffrir et ses jambes la portaient à peine. Si Aemon avait regardé minutieusement les cicatrices sur le dos, les fesses et les cuisses d'Eloïse, il aurait remarqué que celles-ci avaient partiellement guéries, plus vite que la normale, du moins. Mais Eloïse semblait épuisée, et des cernes noires avaient trouvé refuge sous ses grands yeux verts, signe d'une fatigue extrême.

Elle lança un regard interrogatif à Aemon. C'était à lui de jouer maintenant et il fallait qu'ils sortent de cet endroit maudit au plus vite. Les cris et les hurlements se rapprochaient et une certaine hystérie semblait à présent régner dans la salle de réception, non loin de l'endroit où ils se trouvaient...

Eloïse était toute fière d'avoir retrouvé son épée. Mais il était vrai qu'elle ne pouvait se balader ainsi, son épée à la main. Heureusement, Aemon lui prit et la cacha sous sa tunique avant que deux individus les interpelle.

Eloïse resta muette, se contentant de regarder le sol alors que son maitre répondait. Il avait réussi à les calmer et la tactique d'Aemon s'était révélé redoutable. Quelques instants plus tard, la panique semblait avoir disparu du lieu et le duo put s'enfuir en ne redoutant pas d'être poursuivis.

La fatigue physique atteignait de plus en plus fortement la petite Eloïse qui chancelait dangereusement plus qu'elle ne marchait. De plus, son visage livide et ses cernes noires lui donnaient une expression cadavérique.

Malgré sa tenue aguicheuse, la petite ange faisait vraiment peine à voir. Sa respiration était bruyante.

Une fois arrivée en compagnie d'Aemon dans la chambre, Eloïse se dit qu'elle se serait bien écroulée sur le lit là maintenant, même s'il était préférable de fuir. Elle rassembla ses dernières forces pour répondre à Aemon:

Je pense que ça ira, maitre...

Mais au moment de franchir la fenêtre et juste après avoir dit cela, l'ange s'écroula au sol.

Eloïse ouvrit un oeil, puis le deuxième. Où était-elle ? Elle ne se rappelait plus de grand chose à part un énorme mal de crâne et l'impression terrible qu'un troupeau d'éléphants lui avait piétiné le cerveau.

Elle bailla et s'étira mais elle sentait qu'elle n'aurait pas encore la force de se lever. Du moins, pas avant d'avoir mangé. D'ailleurs, elle avait faim et son estomac réclamait sa pitance.

Tout son corps n'était que supplice et le moindre mouvement lui infligeait de lourdes douleurs. Elle ne savait pas vraiment ni ou elle était, ni ce qu'elle avait fait ces dernières heures. Elle ne se rappelait que par bribes et était très affaiblie.

Elle s'aperçut alors que sa main était dans celle de son maitre, et que sa petite épée était à sa ceinture. Elle se souvint vaguement alors d'avoir terriblement souffert. Sa mémoire lui faisait un peu défaut et elle ne se rappelait pas de tout ce qui venait de se passer.

Sa tenue l'étonna aussi. Mais un sentiment de calme et de satisfaction prédominait.

Elle regarda alors Aemon et lui fit un grand sourire.