Encore et toujours... [PV Aemon]

Retour à la case départ... Eloïse et le marché aux esclaves... Une grande histoire... Mais comment donc cette petite ange faisait-elle pour se laisser systématiquement capturer ainsi ? Et qui avait dit aux marchands de viande qu'elle raffolait de nourriture ?

Car c'était bien comme ça qu'elle fut capturée, trahie par un bout de poisson... Mais le saumon était un poisson si inoffensif qu'elle ne pensait pas qu'il pourrait y avoir des marchands d'esclaves derrière. Et bien si...

Le soleil était haut dans le ciel et la chaleur devenait étouffante au milieu des étalages regorgeant de cages renfermant des êtres humains, ou non, d'ailleurs.

Le marchand était particulièrement fier car il était l'un des seuls dont l'étal comportait une petite cage avec un ange à l'intérieur.

Il portait des bouchons d'oreille. L'ange en question lui ayant vrillé les tympans suite à sa capture.

Eloïse était accroupie dans une prison trop petite pour elle, et où se tenir debout relevait de l'utopie la plus grotesque. Mais pourquoi, pourquoi, devait-elle être prisonnière continuellement ?

La petite ange, dont la tunique blanche était légèrement déchirée avait faim, très faim. Et elle était malheureuse, très malheureuse. Quelques larmes perlaient le long de ses joues claires et ses cheveux bleus étaient ébouriffés de bien vilaine manière.

Elle se décida à hurler pour réclamer la pitance ou l'eau dont elle avait été privée depuis un jour, pour cause d'attentat sonore.

HIIIIIIIIIIIIII !

Tout le monde sur le marché sursauta alors, se demandant comment une si forte voix pouvait provenir d'un aussi petit corps.

Eloïse, elle, avait faim, très faim. D'ailleurs son estomac criait en un mot résumé, cette situation déplorable: famine.

Eloïse baissa alors la tête, de désespoir, en attendant, impuissante, que l'on vienne l'acheter, résignée à son sort...

Aemon est un lycan exilé de son clan pour avoir tué l'un des siens. Durant les vingt dernières années, il avait vagabondé sur les terres de Erotica, dans l'espoir de trouver sa place quelque part, qui sait, rencontrer une lycante et bâtir un nouveau clan. Hélas, la recherche n'est pas fructueuse. Même si il va toujours chercher dans les endroits les plus sauvages, jamais Aemon n'avait réussi à en rencontrer une. Sa vie n'était donc qu'aventure, des voyages qui ont forgés son corps à être résistant aux intempéries. Il faut rappeler qu'avant d'être nomade, l'individu était un guerrier, l'un des plus puissants. Son exil aura eu au moins ça de bon, lui permettre de renfoncer son mental et son physique.

Comme toute les semaines, Aimon revenait en ville prendre des provisions dans le but de repartir par la porte juste après. Il n'était pas à l'aise parmi les gens, il n'aimait pas leur compagnie. Seuls les lycans lui plaisaient. Et pourtant, ce jour là, ses yeux rouges s'étaient posés sur un ange. Oui, elle était plutôt jolie, mais ce qui caractérisait le plus "ange" chez elle, c'étaient ces ailes blanches qu'elle avait dans le dos. Aimon passait par le quartier de vente aux esclaves dans le but de rejoindre le quartier marchand, c'était inévitable, il le voyait à chaque fois. Mais durant ces vingt dernières années, c'était la première fois qu'il s'arrêtait devant un vendeur.

Cet ange, elle semblait résignée, triste, un sourire mauvais apparu sur ses lèvres. Un lycan, rejeton des démons, aillant pour esclave un ange, n'est-ce pas là ironique? Cédant à la tentation et oubliant complètement son but principal de se ravitailler, Aemon va voir le vendeur et réussi à la récupérer pour une modique somme. L'autre semblait pressé de s'en débarrasser parce quelle ne faisait que brailler. Le lycan en tunique noire regardait patiemment l'individu la sortir de sa cage, puis la pousser violemment vers son nouveau maitre. Sur un ton où trahissait toute l'ironie et la fausseté, il lança alors à Aemon:

"C'est un plaisir de faire affaire avec vous."

Ignorant royalement l'individu, le lycan observait maintenant l'ange. Ses vêtements étaient un peu déchirés, elle est sale d'avoir trainé dans la poussière pendant des jours, bref, il y avait du travail. Du doigt, il monte son visage pour qu'elle le regarde et sans un sourire à son égard lui dit simplement:

"Je suis maintenant ton nouveau maitre, Aemon. J'attends de toi de la politesse à mon égard. Tant que tu te tiendras bien, je n'aurai aucune raison de te maltraiter. Maintenant, il est temps de te laver puis de te trouver une tenue descente. Je te préviens tout de suite, la plus part de ton temps avec moi, tu le passeras à l'extérieur."

Sans se douter qu'elle était en train de mourir de faim, le lycan la dévisageait en attendant une réponse de sa part, un hochement de tête, n'importe quoi qui montre qu'elle l'avait entendu et qu'elle était d'accord.

Eloïse mourrait littéralement de faim. L'estomac dans les talons, elle s'aperçut alors qu'un homme marchandait avec son vendeur. Elle ne se douta pas immédiatement qu'il était en train de l'acheter, trop obnubilée par les visions de nourritures diverses encombrant son cerveau.

L'air triste, Eloïse perdue dans ses pensées, regardait, résignée, le sol froid de sa petite cage inconfortable. Et puis, la porte s'ouvrit et l'ange releva sa petite tête pour voir ce qui se passait.

Elle comprit aux paroles du geôlier marchand de viande, qu'elle venait d'être achetée et était désormais une esclave. Elle sortit alors de la cage en déployant ses membres engourdis et en agitant ses ailes. Puis le geôlier la poussa fortement dans le dos, à tel point qu'elle faillit trébucher et s'étaler comme une crêpe aux pieds de son nouvel acquéreur.

Elle fit un petit mouvement de jambes pour éviter cela puis dévisagea d'un œil méfiant et hagard celui qui venait de l'acheter.

Il était assez grand. Il faut dire qu'Eloïse n'avait pas la taille pour atout majeur. Elle le regardait avec de grands yeux humides où transparaissait la faim et une tristesse infinie, obligée par la main de son acquéreur de lever le regard.

Elle écouta d'une oreille peu attentive le laïus de présentation de ce dernier, sans broncher, sans dire un mot.

Le seul bruit qui émanait d'elle était le grondement infernal de son estomac. Le dicton « crier famine » prenait ici tout son sens, tant le ventre d'Eloïse faisait un bruit infernal.

Elle ignora un peu les recommandations de son nouveau maitre et finalement, d'un air triste, répondit:

J'ai très faim !

Puis baissa la tête et les yeux au sol...

Voilà, les pièces venaient de changer de main et avec ça, une possession lui arrivait en échange. Un ange dans une cage, un oiseau derrière des barreaux, et ce petit cuicui lui appartenait maintenant, lui le nocturne. Quelle ironie lorsqu'on pense qu'un être divin allait le servir. Enfin, son obéissance n'était pas encore prouvée, il ne savait pas à quel caractère il avait à faire. Est-ce qu'elle serait délicieuse et mielleuse, ou bien est-ce qu'elle serait calculatrice et essayerait de s'échapper à la moindre occasion? Rien n'était plus incertain que le comportement d'un esclave, il en était conscient. Malgré tout, pour le premier contact, le lycan n'alla pas jusqu'à la violenter. Il se présenta, donna deux trois règles. Toutefois, ce qu'il disait ne semblait pas entrer entièrement dans l'oreille de la jeune femme. L'ange avait l'air triste, normal vu qu'elle était esclave, ça ne devait pas être de plein gré. Le lycan soupira en la regardant quelques instants et lui demanda finalement:

"Est-ce que tu veux quelque chose en particulier en plus de vêtements?"

Son ouïe fine lui permit d'entendre un son qu'il connaissait bien, un ventre qui gargouillait terriblement. Un fin sourire éclaira alors son visage. Si ce n'était que ça, il pouvait y remédier, il lui restait encore assez d'argent pour lui permettre de se restaurer.

"D'accord, viens avec moi."

Du coin de l'oeil, il vérifiait bien qu'elle restait à côté de lui et qu'elle ne tente rien. De toute façon, dans son état elle n'irait pas bien loin, il la rattraperait avant qu'elle n'ait le temps de sortir de la rue. Un peu plus loin, du côté des étalages de vêtements, il y avait également des stands de nourriture. L'odeur de fumet amplissait leurs narines aussitôt qu'ils étaient à proximité.

"Demande ce que tu veux, je paierai. On ira te trouver des vêtements plus décents après. Tu es quasiment nue."

Sa main effleura la fesse de son esclave en la poussant vers les personnes qui tenaient le stand et qui la regardait méfiants. Malgré tout, ils lui donnèrent ce qu'elle leur demanda et le lycan paya tout ce qu'il fallait.

"J'espère que ça ira mieux maintenant."

Eloïse fixait le sol, encore et toujours. L'estomac sur les talons, la petite ange ne pensait qu'à une chose: manger. Ce qui était souvent le cas avec elle, convenons-en. Le problème avec elle, est qu'elle vidait systématiquement l'ensemble des vivres des commerçants et par conséquent le portefeuille de celui qui pensait faire un beau geste.

Lorsque son nouveau maitre s'aperçut qu'elle avait faim et qu'il accéda à la requête de la petite ange, le visage de cette dernière s'illumina et une petite étincelle dans son regard apparut.

Manger !

Eloïse suivit alors son nouveau maitre, docilement. Elle aurait peut-être en temps normal, tenter de s'échapper ou pousser son fameux cri strident qui déchirait les tympans, mais là, non. Elle était fort docile devant la perspective imminente de se nourrir.

Certes, ses vêtements, dont sa robe blanche étaient en lambeaux, et l'on pouvait même apercevoir, lorsqu'elle marchait, sa petite culotte blanche à pois bleus apparaître de temps à autre au regard d'autrui.

Mais cela ne gênait pas vraiment Eloïse qui ne s'en était pas aperçu et donc l'unique but était maintenant d'engloutir le plus de nourriture possible.

L'odeur appétissante dévorait les narines d'Eloïse, signe qu'elle allait bientôt pouvoir atteindre son but.

En effet, au bout de quelques minutes, la voilà en arrêt devant un morceau de viande fumant, tel un chien de chasseur ayant repéré une proie. La bouche ouverte, elle hypnotisait le morceau de nourriture, un petit filet de bave coulant le long de ses lèvres.

Elle sursauta et faillit gifler son maitre lorsqu'elle sentit la main de ce dernier effleurer ses fesses. Mais elle se ravisa, en pensant à la nourriture. Elle ne hurla pas non plus, ayant trop peur de ne pas manger après un excès d'orgueil.

Elle se dirigea alors vers le comptoir et commanda une quantité de nourriture industrielle. A chaque fois, c'était la même réflexion: mais comment un si petit être pouvait avaler autant de nourriture ?

Et le dicton s'affirma.

Eloïse dévora littéralement toute la nourriture achetée, dans un mélange de « scrontch scrontch » et de « slurp slurp ».

Le vendeur avait les yeux écarquillés en la voyant engloutir autant de vivres. Le manège dura de longs instants, et c'est une Eloïse repue qui prononça les paroles suivantes:

Merci beaucoup ! Ça va mieux maintenant ! Au fait, je m'appelle Eloïse.

Il fallait cerner le problème avant de pouvoir le résoudre. Aemon comprenait qu'il aurait beau lui crier dessus pour qu'elle l'écoute, sans quelque chose à se mettre sous la dent, l'ange ne l'écouterait pas, quand bien même il serait son nouveau maitre. Elle ne paraissait même pas choquée d'avoir été vendue, comme dans un état second. Même sa tenue, elle n'en rougissait pas. Peut-être qu'elle était habituée à se montrer en public?

Toutes ces interrogations auraient des réponses en temps voulu. En attendant, le lycan amena l'ange vers un quartier un peu plus chic pourvu de boutique et de stand de nourriture diverse et variée. Il y en avait pour tous les gouts. Toutefois, à son avis, rien n'égalait la viande saignante sous la dent, c'est pourquoi il ne se risqua pas à essayer un seul de ces plats. L'ange par contre, devant ces odeurs qui lui compressèrent l'estomac, s'en donna à coeur joie aussitôt que le maitre lui proposa de prendre tout ce qu'elle voulait. Au fur à mesure qu'elle demandait, ses yeux s'agrandissaient. Est-ce qu'elle allait manger tout ça? Non, il devait y avoir quelque chose qui clochait.

Et pourtant, sous l'oeil avide de l'ange, tout disparaissait à vue d'oeil. Le lycan en était soufflé, il serait difficile de la nourrir si elle mangeait pour quatre à chaque fois. Le vendeur tout comme l'acheteur étaient bluffés, et s'échangeaient un regard qui voulait tout dire. Aemon paya ce qu'il avait à payer avec un petit pincement au coeur. Il y aurait moins d'habit pour elle, tant pis. Enfin, elle daignait donner son nom, ce n'était pas trop tôt. Eloise, son ton ne lui plaisait pas tellement, elle avait l'air trop libre, alors qu'elle était censée le servir. Gardant ça pour lui pour le moment, il ne fit aucun commentaire sur ça et enchaina donc.

"Puisque tu es enfin rassasiée, on va aller chercher des vêtements là-bas."

Les stands étaient tous dans la rue, mais il y avait des cabines montées avec grand tissu, juste de quoi cacher les corps aux regards indiscrets. Aemon voulait qu'elle porte quelque chose de plus décent mais également quelque chose qui pourrait convenir aux longs voyages. Il le lui fit savoir en lui demandant de choisir ce qu'elle voulait, puis alla l'attendre dans la cabine d'essayage. En tant que nouveau maitre, il n'allait pas se priver de jeter un oeil sur son esclave, c'était évident, d'autant plus qu'elle aurait à le servir de diverses manières.

Une fois le repas terminé et la présentation faite, Eloïse tiqua sur le fait que son maitre ne lui ait toujours pas donné son nom. Ell hésita à lui demander puis se ravisa lorsque ce dernier prit la parole pour lui annoncer qu'il allait lui acheter quelques habits.

La rue était composée de divers marchands et des petites cabines d'essayage avaient savemment été monté à même la rue. Eloïse regarda les diverses affaires présentes sur les étals des vendeurs puis elle s'arrêta finalement devant un tas de fripes d'ou émergeait exactement la même petite robe blanche que celle qu'elle portait actuellement.

Son choix se porta bien evidemment là-dessus. Ce n'est pas qu'elle n'aimait pas le shopping mais sa tenue avait une valeur particulière à ses yeux. C'est pour ceci, qu'elle n'en changeait qu'assez rarement. Etant habituellement tout le temps sur les routes, il fallait quelque chose de confortable. Et cette robe l'était.

Elle en profita aussi pour prendre des sous-vêtements de même facture.

Une fois ce choix fait, elle pénétra dans la cabine d'essayage pour se changer, les bras chargés, mais elle s'aperçut que son maitre l'attendait.

Elle ne se démonta pas et peste comme elle était, dit alors, d'une voix mi irritée mi mielleuse:

Je ne peux pas me changer si vous restez ici. La cabine d'essayage, est trop petite.

Eloïse attendit alors que son maitre s'en aille. Un frisson parcourut alors son corps, ne sachant pas à qui elle avait à faire, vu qu'il ne s'était toujours pas présenté, et ne sachant pas comment il réagirait à sa remarque...

Le lycan n'était pas mécontent de voir enfin un semblant de vie chez l'ange, mais son comportement était assez déconcertant, comme si elle se considérait son égale. Non, aussitôt qu'il avait posé les yeux sur elle, il avait vu une esclave, un ange qui allait le suivre et le servir, tel était son rôle premier: le satisfaire aussitôt qu'il demanderait quelque chose. Il était fort possible qu'il ait à lui inculquer cette règle dans peu de temps. Naturellement, il restait calme, mais ses sauts d'humeur pouvaient être assez dangereux, il ne faut pas oublier qu'il est lycan, sauvage par nature.

Pour le moment, il observait la femme choisir ses vêtements, à nouveau une robe blanche comme celle qu'elle portait déjà, mais en beaucoup plus propre. Posté devant la cabine, il attendait patiemment qu'elle termine de prendre ce qu'elle avait à prendre et qu'elle vienne essayer. Mais à son arrivée, le visage du lycan s'assombrit lorsqu'elle lui dit de sortir de là. Bien sur qu'il y avait assez de place, il y avait toujours assez de place et elle ne pouvait rien lui cacher, elle ne lui cacherait rien. Sa voix fut beaucoup moins douce que précédemment.

"Je t'ai laissé le temps de manger, j'ai été patient en payant tout ce que tu voulais, alors maintenant tu vas commencer à te comporter comme une esclave. Vois-tu, si tu me déçois trop, je n'hésiterai pas à me régaler de ton corps."

Dévoilant ses canines pointues, le lycan se mit à gronder en lui faisant bien comprendre qu'il parlait là d'un repas. Brusquement, il la poussa donc dans la cabine en fermant le rideau derrière lui, puis sans perdre de temps arracha la loque qui lui servait d'habit en dévoilant au grand jour sa poitrine. Plus bas, elle avait toujours cette culotte à pois, mais pas pour longtemps car il la lui arracha également. En faisant craquer les articulations de ses mains, le lycan finit par lui ordonner:

"Je n'en avais pas envie au départ, mais je pense que finalement je ne vais pas m'en priver. A genou devant ton maitre, montre ta soumission."

D'une pression puissante, la fille se retrouvait à terre, le visage proche de son pantalon qu'il frotta contre sa joue. Oui, elle avait compris ce qu'il fallait qu'elle fasse si elle ne voulait pas d'ennuis.

Eloïse était fière, on ne pouvait pas lui enlever ceci. Elle croyait en ses convictions et en ses principes. Alors, certes, jouer avec quelqu'un que l'on ne connait pas ainsi, pouvait relever du suicide mais pour la petite ange, il était tout à fait normal de défendre ses opinions quitte à y laisser sa vie.

Et dans ce cas précis, elle s'aperçut bien vite que la gentillesse de son maitre n'était qu'apparente alors qu'il arborait un ton plus dur. Elle le prit tout d'abord pour un vampyre. Ses canines étant développés mais tiqua sur le fait qu'il en était réellement un. Une intuition parmi tant d'autres.

La menace de mort tomba comme un couperet mais la petite ange ne perdait pas son sang froid. S'il le fallait, elle mourerait mais jamais sans combattre. Bien décidée à ne pas se laisser soumettre, elle voulut faire un geste.

Malheureusement, l'homme semblait avoir une rapidité effroyable et bien vite, elle se retrouva toute nue. Ses seins dévoilés prirent leur ampleur dans un mouvement rebondi, et l'ange tenta de dissimuler d'une main sa poitrine et de l'autre son intimité.

La situation devenait très compliquée.

D'autant plus, lorsqu'Eloïse se retrouva à genoux, le visage contraint, et la joue écrasée contre le sexe tendu du jeune homme, incapable de faire un mouvement.

Elle eut un frisson d'effroi. Non, elle ne ferait pas ce qu'il voulait, même s'il l'avait nourri. Non. Au lieu de cela, elle fit ce qu'elle savait faire le mieux, à savoir hurler. Ce fameux cri qui perce les tympans, vous savez:

HIIIIIIIIIIIIIIIIIII

A cet instant, entendant cela, une voix vint de l'exterieur de la cabine, le marchand très certainement, qui demanda d'une voix tremblante si tout se passait bien...

Dans tous les cas, Eloïse n'avait que des ennuis, alors un de plus ou de moins...

Il avait été patient, il avait accédé à sa requête lorsqu'elle en avait le plus besoin. Il l'avait tiré de cette cage pour lui permettre de fouler le sol presque en liberté et elle refusait de lui obéir, de faire comme il le désirait. Le lycan laissait sa colère prendre possession de son corps. Devant la cabine, il n'avait rien demandé de plus que de la voir, car il l'avait acheté! Alors comment pouvait-elle se permettre de se montrer si ingrate. Certes, il y avait peut-être là une question de dignité, mais lorsqu'on est esclave, quelle dignité pouvait-il y avoir.

Clairement décidé à obtenir ce qu'il voulait coute que coute, le lycan finit par pousser l'ange dans la cabine en tirant sèchement le rideau derrière lui. Si elle ne lui donnait pas ce qu'il voulait avec la douceur, alors il l'obtiendrait de force. Les mains du lycan lui arrachèrent d'un coup ses vêtements.

Il était vif, fort, et surtout grondait de fureur, ce grondement qu'elle finirait pas apprendre à craindre plus elle le fréquenterait. Aemon avait de petites manies, et si ce n'était des mimiques faciales, ses grondements voulaient tout dire en fonction de la situation. Lorsqu'il était heureux, qu'il était triste ou furieux, tout pouvait se comprendre lorsqu'on est attentif.

Elle était à genou devant lui, nue et impuissante, toujours aussi sale qu'au moment où il l'avait trouvé et elle pensait avoir son mot à dire. Son cri puissant lui vrilla les tympans, si bien qu'il la gifla à plusieurs reprises pour la faire taire, et cracha au marchand qu'il n'y avait aucun problème. Si il devait éduquer son esclave, que la chose se fasse le plus vite possible, car il ne pourrait pas supporter ses caprices une fois qu'ils seraient à l'extérieur. Le maitre baissa son pantalon pour dévoiler un membre gonflé à la taille plus que conséquente, juste devant le visage de la fille qu'il avait fait rapidement taire d'agacement. Un sourire mauvais apparut sur ses lèvres.

"Tu apprendras très vite qu'on ne me refuse jamais rien."

Saisissant sa tête entre ses grandes mains, le lycan lui pinça le nez pour l'obliger à ouvrir la bouche et engouffra son pénis à l'intérieur sans autre cérémonie. Là, elle commençait à être bien. Il fallait qu'elle commence maintenant à lui faire plaisir, car il n'accepterait pas qu'elle se refuse à ce genre de choses. Le regard rouge du lycan était posé sur elle inquisiteur. Ca ne serait pas un ange qui allait l'empêcher d'avoir ce qu'il voulait, jamais de la vie.

Il était sur et certain que la petite Eloïse ne faisait pas le poids. Surtout pas avec la force de son maitre.

De violentes claques atterirent alors, pour seule réponse à son hurlement, sur son petit visage dont les joues prirent une couleur rouge sous les coups. Eloïse pleura alors. La violence des gifles et la violence de la situation l'appeurait au plus haut point, tant et si bien, que tout son petit corps tremblait.

Elle prit alors conscience qu'elle était réellement esclave et que son maitre la considérait comme tel, et non comme un être vivant.

Elle pleura de plus belle et la douleur des coups se fit ressentir.

C'est alors qu'elle s'aperçut avec effroi que le sexe de son maitre était découvert. Elle eut un mouvement de recul, en vain sous la puissance du lycan. Elle ferma alors la bouche, implorait d'un regard larmoyant et humide.

Deux doigts vinrent alors pincer son nez et elle n'eut d'autre choix que d'ouvrir la bouche pour respirer. Elle sentit alors l'énorme membre venir s'enfoncer profondément dans sa bouche, buter contre sa gorge.

Ses larmes devenaient inondation sur son visage rougie par les violentes gifles et la petite Eloïse secoua la tête comme pour implorer de ne pas faire ça.

Elle écarquilla de grands yeux, avait de la peine à respirer avec sa bouche entravée mais ne faisait aucun mouvement. S'il voulait qu'elle bouge, alors elle resterait immobile. Elle savait très bien qu'il la forcerait mais ne voulait pas faire cela d'elle-même. Elle était assez humiliée pour ne pas le faire encore plus...

Elle gigotait, tentait de se dégager mais elle était bien moins forte que son bourreau...

La patience du lycan avait atteint ses limites. Si il avait tout fait pour contenir sa fureur au départ, l'ange ne l'aidait pas, elle ne voulait pas comprendre sa position alors il devait la remettre à sa place. Ses claques violentes stoppèrent net le cri de détresse qu'elle venait de lancer et la firent même pleurer. Comme si ça ne suffisait pas, ne pouvait-elle pas faire les choses comme elle était supposée le faire? Le lycan dévoila à ses yeux son membre solide et tendu et l'enfonça dans sa bouche avec un sourire mauvais. Encore une fois, l'ange ne fit pas un mouvement en continuant de le supplier du regard. Non, il n'allait pas avoir pitié d'elle, il lui avait laissé une chance, elle l'avait laissé filer.

"Fais plaisir à ton maitre et suce le comme il se doit. Je ne préfère pas imaginer ce qui pourrait t'arriver si tu ne fais rien."

S'amuser avec elle et la menacer de la découper morceau par morceau? Aemon ne pratiquait pas ce genre de pratique barbare, mais elle n'en savait rien et la crainte suffirait surement pour la décoincer. Sa bouche était bien chaude, et il sentait sa langue sur le bas de sa verge, suffisait juste qu'elle le lèche bien comme il faut et il lui pardonnerait peut-être.

"C'est un avertissement, je suis ton maitre et j'entends que tu m'obéisses au doigt et à l'oeil. A chaque fois que tu tenteras de me désobéir, j'agirai en conséquence, et je serai de moins en moins clément, alors ne m'oblige pas à aller jusqu'à te découper en petits morceaux"

Son sourire mauvais signifiait qu'il n'hésiterait pas à mettre sa menace à exécution, et sa main refermée dans les cheveux de l'ange la pressait de se mettre à l'oeuvre, il n'avait que trop patienter. Si on était docile, il était juste et ne faisait pas de mal gratuitement. Mais si on se rebelle, c'était une autre histoire. Aemon avait beaucoup de possibilités de souffrance à lui offrir, elle devait apprendre à le craindre sans quoi les voyages seraient déprimants. Malgré l'expression dure sur son visage, il essuya les larmes de l'ange et l'encouragea à sa manière, de bien faire. Si il se montrait doux maintenant, elle se résignerait, il devait paraitre dominant et la posséder une fois pour toute.

Eloïse ne bougeait plus, le sexe de son maitre profondément enfoncé dans la bouche. Elle aurait aimé lui expliquern lui parler, mais d'une part, elle était esclave d'autre part, elle ne pouvait précisemment pas parler, la bouche ainsi obstruée.

A vrai dire, elle était très embêtée. Tiraillée entre le fait de lui mordre violemment le sexe, et le fait d'accéder à sa requête. Le problème d'Eloïse est qu'elle était fière. Elle savait que les anges n'étaient pas bien vu mais en plus, elle avait toujours été rejetée de toutes parts vu qu'elle était née d'un ange et d'un démon.

Une hybridité qui lui avait valu la haine de ses deux races. Elle avait appris à se débrouiller par elle-même mais trop naïve ou trop jeune, elle était constamment capturée et réduite à l'état d'objet.

Avant toute chose, l'ange était terrorisée. Elle était paralysée par la peur et le fait que son maitre se soit montrer violent et qu'il voulait des rapports sexuels, ou orales dans le cas précis, l'avait tétanisé.

Eloïse n'aimait pas particulièrement le sexe, n'ayant jamais connu l'amour. Tous ces rapports avec « la chose » était irrémédiablement violent. De plus, le fait qu'elle possédait le pouvoir d'autoguérison et donc un hymen toujours reformé entre chaque rapport avait cette particularité d'associer tout ce qui était sexuel à une douleur infinie.

Bon, techniquement, pour l'instant, elle n'était pas dans ce cas-là. Mais le fait que son maitre la force à le sucer paralysait la petite ange. Il ne fallait pas oublier que 55 ans était l'adolescence d'un ange et qu'Eloïse était plus une petite fille capricieuse qu'une réelle femme.

Oh, elle le craignait maintenant, c'était sur, mais choisir entre la peste et le choléra ne relevait pas vraiment du choix. Elle ne savait plus quoi faire, lançait des regards desespérés à son maitre. A vrai dire, elle avait toujours souhaité trouver un ami, seule qu'elle était mais tous ses maitres s'étaient trouvé être des êtres violents, ou l'avaient abandonné.

Le choix était pourtant simple: soit elle acceptait d'accéder à sa requête, soit les tortures continueraient.

Elle pleurait maintenant à très chaudes larmes, et elle faisait vraiment pitié à voir, ainsi sale et soumise.

Et puis, au bout de longues minutes, elle se décida et commença à le lécher un peu en tentant de penser à autre chose. Elle allait accéder à sa requête en espérant que ce serait la dernière fois.

Elle se contenta alors de le sucer, le visage rouge, les yeux emplis de larmes...

Quelque chose se produisait en elle. Le lycan se demandait à quoi elle pensait car elle ne bougeait pas et se contentait de pleurer en le regardant. Son membre dans sa bouche, il attendait avec impatience qu'elle se mette à bouger, nullement attendri par la pitié qu'elle inspirait. Elle l'avait cherché, alors il lui rendait la monnaie de sa pièce, tout simplement. Aemon avait su se montrer assez menaçant pour qu'elle daigne finalement bouger et c'est avec un sourire plaisant qu'il ressentit le mouvement de sa langue. Enfin, elle avait rendu les armes.

Les larmes coulaient toujours de ses yeux, mais elle faisait ce qui lui était demandé. Le lycan n'avait rien à lui reprocher, elle le suçait parfaitement en le maintenant bien dur et sa langue parcourait sa verge gonflée et solide qui pourrait la percer si jamais l'envie lui venait de la prendre. Aemon se contenta de ce plaisir en fermant les yeux. Son grondement se fit plus doux, plus plaisant, elle avait su trouver les gestes adéquats, c'était mieux. On tira soudain le rideau, puis la personne s'immobilisait envoyant le maitre et son esclave dans une position plutôt suggestive. D'un geste rageur, le poing du lycan s'écrasa contre le visage de l'homme.

Un remue-ménage se fit entendre dans la rue. Aemon grimaça mécontent du contre-temps qu'il avait, puis releva l'ange en lui demandant d'enfiler rapidement les vêtements qu'elle venait de choisir. Il la pressa de la voix en scrutant les alentours. Oui, une troupe était autour du blessé au nez cassé et on alertait les autorités. Cette excitation qu'il ressentait était différente de celle que l'esclave lui avait donné. Sa colère était entièrement envolée et il prit fermement la main d'Eloise dans la sienne en se mettant à courir. Son allure était probablement trop dure à soutenir car il la sentait trébucher, surtout qu'elle était pied nue. Alors sans perdre un moment, il la prenait sur son dos et traversait les rues comme une flèche en mettant à terre les gens qui s'interposaient. Très vite, une foule poursuivait l'unique lycan qui les maintenait en respect. Par contre, la fatigue venait plus vite avec un poids sur le dos. Lorsque quelqu'un saisit Eloise par sa robe, les deux tombèrent à la renverse. Le maitre se redressait alors précipitamment en voyant les regards sur son esclave.

"Oh, mais voilà un ange! Et si on s'amusait avec elle après avoir remis à sa place ce sale lycan?"
"Hum... non, je ne crois pas."

Les poings du guerrier étaient de véritables armes. Le combat à main nue était sa spécialité. Ce n'était pas de cette manière qu'il avait eu l'intention de sortir de la ville, mais il n'avait plus le choix. S'interposant entre l'ange et les autres, il se débattit vaillamment pour que personne ne touche à sa possession, il était le seul à avoir ce droit. Résultat des courses à la fin, le lycan avait mis à terre une grande partie des individus, puis s'était retiré à la première occasion toujours avec Eloise.

Ce n'est que lorsqu'ils furent considérablement éloignés et derrière un buisson à l'extérieur de la ville, en sécurité qu'ils s'arrêtèrent. Aemon avait quelques blessures et coupures, mais ses yeux rouges furieux étaient posés sur l'ange. D'un ton bourru, il s'enquit tout de même de sa santé, et même dans ses airs de lycan sans coeur, Eloise perçut peut-être un soupçon d'inquiétude à son égard.

"Tu n'as rien?"

Eloïse pleurait à chaudes larmes tout en continuant, contre son gré, à faire ce que son maitre lui demandait. Puis, elle décida que ce qu'elle faisait n'était pas bien, et elle s'immobilisa. Quitte à être maltraitée, autant garder son honneur.

Mais à l'instant précis où elle avait décidé d'arrêter, un homme surgit dans la cabine. Il fut accueilli par le poing de son maitre tant et si bien que ce dernier ne s'aperçut pas qu'Eloïse avait arrêter son traitement de gré.

Son maitre la releva et la pressa d'enfiler les vêtements qu'elle avait pris sur l'étal. Eloïse enfila alors rapidement la petite culotte et la robe et se fit emporter par son maitre hors du lieu.

Eloïse avait du mal à le suivre tant son maitre se déplaçait rapidement. Elle trébuchait, les pieds nus écorchés, et il la trainait plus qu'elle ne le suivait. Il dut s'en apercevoir car il la prit sur son dos pour aller plus vite.

Eloïse allait rétorquer qu'elle pouvait utiliser ses ailes mais elle n'en eut pas le temps. Ils étaient pourchassé et la foule avait réussi à coincer son maitre. Alors qu'Eloïse était tétanisée, son maitre prit sa défense et se battit vaillament. A vrai dire, la petite ange s'aperçut qu'il se battait plutôt bien et qu'il arrivait à tenir les agresseurs en respect.

Eloïse se laissa alors emmener car son maitre avait profité d'une fenêtre de tir pour s'enfuir. Elle le suivait, alors qu'elle aurait pu facilement déployé ses ailes pour lui fausser compagnie et ainsi recouvrer la liberté.

Une fois vraiment éloignés, l'ange constata que son maitre avait changé. Sa phrase refléta alors qu'il pouvait s'inquiéter pour elle. Elle ne savait pas vraiment quoi dire.

Elle le regardait avec un air tendre, puis déchira un pan de sa robe pour venir panser les différentes cicatrices fraiches qui ornaient le corps du lycan. Elle faisait cela naturellement, sans rien dire.

Une fois qu'elle eut fini de nettoyer et de panser toutes les blessures, elle s'aperçut qu'elle avait déchiré pas mal de morceaux de sa nouvelle robe. Elle s'assit alors à côté de son maitre et soupira:

Je... bredouilla-t-elle.

Elle sécha alors ses larmes et déclara:

J'ai eu peur. Vous m'avez fait peur. Je ne voulais pas... Je...

Elle préféra alors se taire et conclut par un:

Merci...

Eloïse ne savait pas quoi penser. L'individu qui l'avait violenté, forcé à la sucer, lui avait également sauvé la vie...

Toute envie de recevoir du plaisir de la part de l'ange avait disparu. A la place, un nouveau sentiment qu'il adorait, l'impression de devoir courir pour sa vie. Le lycan n'était pas du genre voleur à l'étalage, mais il déclenchait souvent des scandales en ville pour se faire un peu de sport en repartant à toute allure. Mais cette fois, il avait un nouveau bien, plus précieux que tous ceux qu'il avait pris lors de ses derniers passages, c'est pourquoi il eut un peu plus de mal que d'habitude.

Il aurait pu déguerpir en usant de son pouvoir de vitesse, mais Eloise derrière lui n'aurait pu le suivre, et elle aurait fini sur les pavés, à la merci de tous les poursuivants dont les races étaient mélangées dans un but commun, attraper ce lycan. Acculé dans un coin, il ne put que se résoudre à combattre en s'interposant entre les poursuivants et Eloise pour que rien ne lui arrive. Autant lui se permettait ce qu'il voulait parce qu'il était le maitre, autant il ne permettait à personne de toucher à l'ange sans sa permission.

Les poings américains sur ses doigts, le lycan s'était battu sauvagement en brisant des mâchoires et des côtes. Chacun de ses coups étaient d'une violence inouïe. De nombreux impacts ornaient le mur et le sol aux endroits où il avait frappé en manquant ses coups. Les opposants avaient vite constaté qu'il ne se laisserait pas faire et qu'il parvenait à les maintenir en respect, c'est pourquoi des armes furent sorties. A ce moment là, la balance inégale commença à tourner du côté des attaquants. Ce n'est que sur un coup de chance qu'ils purent s'enfuir lors d'un mouvement de foule. Un véritable coup de chance, Aemon avait presque vu la défaite devant lui.

Bon, il ne pouvait rien reprocher à personne car il était la cause du remue-ménage. C'est hors de la ville qu'ils se posèrent et qu'il s'assura qu'elle allait bien. Pour la première fois, il donnait l'impression d'avoir quelque chose à faire d'elle. Il s'était battu pour qu'elle n'ait pas mal après tout. Eloise déchira alors un pan de sa robe et pensa ses blessures à sa grande surprise. Elle lui dit qu'il lui avait fait peur, puis le remerciait de son geste. Les sourcils froncés, il posa simplement la main sur la tête de l'ange en la caressant distraitement, puis soupira adossé à l'arbre.

"La prochaine fois, si tu vois que quelque chose tourne mal, fuis en me laissant derrière. Tu as beau être mon esclave, je ne veux pas attirer des ennuis à ceux qui sont innocents."

Il fallait être juste. Lorsqu'on est un guerrier, on respecte l'adversaire lorsqu'il est fort, on se bat pour soi et lorsqu'on attire quelqu'un dans nos problèmes, on essaie de faire de sorte que la personne s'en sorte indemne. Pour le moment, Aemon était calmé, rien à voir avec le lycan furieux que l'ange avait vu dans la cabine d'essayage.

"Je pense que nous allons rester dormir ici. Demain, nous nous dirigeons vers le lac. Je te préviens, il va falloir t'habituer à marcher, parce qu'avec moi tu ne risques pas de t'ennuyer."

Contre toute attente, le lycan lui adressa un clin d'œil, puis se redressa pour regarder autour de lui, à la recherche de feuille. A l'aide d'accessoire primitif, il fabriqua de quoi couvrir les pieds de l'ange avec des feuilles, puis, exténué et pas encore remit de son petit combat, le lycan retournait contre l'arbre. Est-ce qu'elle fuirait pendant la nuit? Elle le pouvait, il était trop faible pour la suivre. Le lendemain, il aurait retrouvé ses forces, mais pas tout de suite.

"Tu t'appelles Eloise n'est-ce pas? Je suis Aemon, un lycan."

Tout cela s'était déroulé tellement vite, trop vite. Sa libération, le repas, le traumatisme de la cabine, la fuite, le combat. Eloïse ne savait plus quoi penser. Elle s'était contentée d'écouter son maitre.

Elle lui rétorqua d'ailleurs:

Je ne fuis jamais mon destin, je ne suis pas une lâche ! Certes, je suis faible mais pas lâche !

Elle avait répondu spontanément. Elle ne savait pas trop sur quel pied danser avec son maitre. De plus, si les problèmes n'arrivaient qu'aux coupables, ça se saurait. Eloïse regardait son maitre avec compassion alors que ce dernier poursuivait dans son exposé.

Et puis, finalement, il lui dit son nom et sa nature. Un lycan. Peu importe en fait, Eloïse ne jugeait jamais les gens sur leurs apparences. D'ailleurs, le dernier clin d'oeil était assez étrange et la confortait dans l'idée qu'il ne fallait pas juger les gens.

A sa grande surprise, il se leva et ramassa quelques feuilles pour lui improviser de petits souliers. Elle se laissa faire et se contenta de le regarder avec de grands yeux reconnaissants.

Une fois qu'il eut terminé, elle répondit alors:

J'ai l'habitude de marcher. Et je suis enchantée de vous avoir rencontré Aemon.

Elle se mordit les lèvres puis ne put s'empêcher de rajouter:

Je... Je...

Mais les mots ne sortaient pas. Elle aurait voulu lui dire qu'elle ne voulait plus qu'il la traite comme dans la cabine d'essayage, qu'elle avait été traumatisée, qu'elle ne voulait plus qu'on la force à quoi que ce soit, qu'elle voulait néanmoins bien l'accompagner et apprendre à le connaître mais pas devenir son esclave. Elle aurait voulu lui dire tout ceci mais les mots ne sortaient juste pas.

Elle baissa alors la tête et Aemon reprit sa position contre l'arbre. Eloïse, elle, n'avait pas sommeil, et se contenta de rester assise, faisant le guêt et veillant sur le lycan...

[ La suite ICI

[Le lac ----> ]

Ce n'était pas dans son habitude de se lier à des gens. Il a toujours été prouvé que d'avoir des liens affaiblissait les guerriers car ils étaient vulnérables sur bien des points. Pourtant, l'envie de compagnie avait pris le dessus. Certes au départ, ça avait été pour flatter son égaux qu'il avait décidé d'acheter l'ange, mais finalement, il ne se sentait pas tellement âme à être un quelconque maitre, ce n'était surement pas dans son genre, quand bien même il aurait essayé. Eloïse et Aemon était sorti de la ville en déclenchant un petit scandale, tout ça à cause d'un coup de poing de rien du tout. Ils s'étaient éclipsés vers le lac où le lycan avait finalement appris que le vendeur ne lui avait pas donné tout ce qu' Eloïse possédait. Par définition, les biens de l'esclave revienne au marchand ou au maitre qui l'achète, puisque l'esclave n'est pas censé avoir de possession. Mais quand même, se faire avoir de cette manière, il n'aimait pas vraiment ça. C'est en partie pour corriger l'individu qu'il y allait, et une autre partie était pour Eloïse bien évidemment. Par contre, il ne lui faisait pas part de son premier objectif, beaucoup moins noble.

D'un commun accord, ils retournaient vers la ville. Mais avant ça, il fallait faire quelques préparatifs. Aemon se promenait rarement avec des chaines sur lui. Par contre, il avait pu dénicher des cordes tressées dans une carcasse abandonnée qui s'était échouée dans le lac. Résultat, il avait entouré les poignets de son esclave, sans trop serré pour ne pas lui faire mal, juste avant d'entrer en ville. Il fallait faire profil bas. Ils ne passaient pas inaperçus, mais bon, ils allaient passer en coup de vent, le temps de récupérer deux trois broutilles.

La destination logique première était le marché aux esclaves. Comme la veille, l'individu était encore là avec son sourire d'hypocrite. Il crut reconnaitre le lycan et le salua évasivement d'un signe de tête, avant de s'éclipser en léguant à son collègue la charge des ventes. Quelque chose à se reprocher? Le lycan s'adressa directement au chargé de vente qui connaissait surement Eloïse.

"Bonjour, mon esclave m'a dit qu'elle avait des possessions que ne m'ont pas été donnée..."

Et puis à l'ange, qu'il tira doucement en avant pour qu'elle soit à sa hauteur pour parler:

"Dis lui ce que tu avais sur toi."

Eloïse s'était laissée attacher les poignets derrière le dos. La position était fort peu agréable mais néanmoins necessaire pour ne pas attirer l'attention. Elle suivit son maitre, sans rien dire, comme une gentille petite esclave. Cela lui faisait bizarre d'être de nouveau attachée.

Ils pénétrèrent dans la ville et l'ange eut un frisson en voyant le marchand et en revenant sur ce lieu maudit qu'était le marché aux esclaves. Mais Eloïse était assez têtue et voulait absolument récupérer ses biens, surtout sa petite épée qui avait tant de valeur à ses grands yeux verts.

Elle reconnut illico le marchand qui l'avait tant maltraité et eut un petit regard d'effroi en l'apercevant. Elle laissa son maitre parler puis lui donna la réponse:

Un arc, une petite épée et quelques pièces d'armure, maitre !

Oui, elle avait prononcé le mot maitre, mais il fallait bien faire semblant, non ? C'était surtout son épée qu'elle voulait récupérer. Elle espérait que le marchand ne fasse aucune difficultés et qu'ils puissent s'éclipser facilement de la ville.

Mais, étant donnée qu'Eloïse attirait à tous les coups, les ennuis, elle priait en silence pour que tout se passe bien.

Dans la peau d'un maitre et de son esclave, le lycan était retourné à contre coeur dans la cité, mais c'était par nécessité. Ils devaient récupérer les affaires de l'ange et pour elle, il pouvait bien faire un effort. Au lieu de voir en elle une esclave, il s'apercevait que son opinion changeait. Allez savoir ce qu'il voyait lorsqu'il la regardait, il ne savait pas vraiment pour le moment.

Sachant parfaitement où ils allaient, Aemon ne fit aucun détour, il alla droit vers le marché aux esclaves où il avait récupéré Eloïse la veille. Les hommes chargés de la vente étaient les mêmes, celui qui avait vendu l'ange semblait s'éclipser à la vue du lycan. Il alla tout de même demander au collègue si il n'avait pas les affaires de son esclave. Eloïse dit rapidement tout ce qui lui appartenait. L'air faussement embarrassé, le marchand répondit finalement après s'être gratté les fesses sans délicatesse:

"Désolé m'sieur, on les a déjà vendu à quelqu'un qui était intéressé. C'est un noble sylve, on refuse jamais ce genre de choses."

Agacé par la réponse, le lycan tenta d'arracher les informations de la bouche de l'intéresser. Qui était l'acheteur, où logeait-il tout ça. Bref, au bout d'un moment, il savait que la personne en question résidait dans l'arbre maison, hors de question d'y déclencher un scandale. La seule solution serait donc de saisir les choses, en douce. La perspective de se faire attraper ne l'enchantait pas, mais il n'avait pas le choix. Remerciant l'homme d'un hochement de tête, le lycan quitta la rue avec Eloïse et lâcha la corde lorsqu'ils furent hors de vue.

"Bon... On a pas des centaines de solutions là. Il va falloir, soit approcher de cet homme et lui demander gentiment de nous rendre tes affaires, soit les lui acheter, soit... les lui voler. A toi de voir si tu as d'autres idées."

La réponse qu'Eloïse craignait ne se fit pas trop attendre. Le vendeur n'avait donc plus son épée. Là où n'importe qui aurait abandonné, dit que ce n'était qu'une vulgaire arme, l'ange, elle, fit tourner son petit cerveau à cent à l'heure pour essayer de trouver un stratagème pour la récupérer.

Son maitre, fort de sa capacité orale, fit néanmoins parler le vendeur pour apprendre que ses affaires avait été vendu à un sylve habitant la maison arbre.

Dilemme...

Aemon l'emmena loin du marché et lorsqu'il trouva un endroit assez calme, il lâcha la corde.

Il était sur que la situation était problématique. Eloïse écouta son maitre et lui répondit alors:

Je suis embêtée. Je tiens beaucoup à cette épée. fit-elle sans aborder la question du pourquoi.

Elle continua alors:

Il n'est pas dans mes habitudes de voler les gens. Le sylve n'y est pour rien. Mais, je n'ai pas d'argent pour lui racheter. Je ne sais vraiment pas quoi faire...

Peut-être que son maitre attendait une autre réponse de sa part, mais c'était en l'occurrence la seule, pour l'instant, qu'elle était en mesure de lui fournir.

Elle réfléchit encore un peu et dit:

Celà ne coûte rien d'aller le voir, qu'en pensez-vous, maitre ?

Les bras croisés, appuyé contre le mur de la ruelle, le lycan essayait d'analyser la situation. Plusieurs options lui étaient apparues aussitôt qu'on lui avait appris l'identité de la personne à qui on avait vendu tout l'équipement d'Eloïse, enfin, son épée, au moins, ça c'était sûr. Il n'était pas dans ses habitudes d'aller voler les gens, ni d'ailleurs d'engager longtemps la conversation pour des broutilles, mais tant que c'était pour son intérêt personnel, il pouvait faire un effort. D'un côté, il se sentait seul, et de l'autre il n'aimait pas la compagnie des gens de la ville qui ne réalisent jamais la chance qu'ils ont d'avoir l'impression d'être à leur place quelque part.

"Le noble s'appelle Izanari, je ne sais pas si c'est son nom ou son prénom et il habite dans l'arbre mère. Autant dire que que ça ne va pas être facile tout ça..."

Eloïse donna alors son avis. De son côté, elle n'était pas habituée à piller les gens. En même temps, il ne la voyait pas trop chaparder des choses. Les ailes ne devaient pas être dans la discrétion à vrai dire. Le lycan s'apprêtait à lui redemander si elle tenait réellement à récupérer cette épée, et elle le devança en répétant qu'elle était très importante pour elle.

"Je n'ai plus tellement d'argent depuis que je t'ai acheté à vrai dire. La plus part du temps, je vais voir le panneau où les gens proposent des petits boulots."

La proposition la plus censée arriva finalement. Ils avaient du temps libre et leur but principal était de trouver le sylve, alors oui, pourquoi ne pas aller le voir. Ils se trouvaient du mauvais côté de la ville en tout cas, il allait falloir la traverser toute entière, tous les quartiers avant d'arriver à l'arbre. Tout bas, il dit à Eloïse de supporter encore un peu la corde, le temps qu'ils retrouvent ses biens. En avançant dans la rue, ils discutaient simplement en mesurant bien leurs paroles pour ne pas attirer l'attention de qui que ce soit sur le sujet de leur conversation.

"Je me demande si une personne de ce genre est chez elle alors qu'il fait encore jour. Je le verrai bien dans un bureau et revenir le soir, une intuition je veux dire."

Eloïse écouta son maitre attentivement. Ce n'était pas que la petite ange n'était pas débrouillarde mais là, elle ne trouvait pas de solutions adéquates pour résoudre cette équation. Elle hocha la tête et reflechissait au fur et à mesure des paroles de son maitre.

Elle répondit alors d'une voix penaude:

Je suis désolée de t'avoir coûter ton argent. Et maintenant, je te coûte des soucis...

Eloïse ne connaissait pas l'arbre mère, de réputation seulement, mais elle n'avait jamais vraiment prêté attention à cet endroit. Elle se demanda ce que ça pouvait bien être.

La corde ne gênait pas vraiment l'ange car elle savait que celui qui la dirigeait ne lui voulait aucun mal. A vrai dire, elle était plus détendue depuis qu'il la considérait comme une compagnonne plutôt que comme une esclave et un bout de corde n'allait pas changer cet état d'esprit.

Au fur et à mesure qu'ils progressaient à travers la ville, elle tentait de reflechir à une solution qui n'embêterait personne et qui donc arrangerait tout le monde. Elle ne savait pas si le sylve serait chez lui ou pas. Il lui semblait que seuls les nobles pouvaient habiter l'arbre mère, donc ils n'auraient pas directement à faire avec lui mais avec une esclave ou une servante. Cela jouerait peut-être à leur avantage après tout.

Le problème restait néanmoins entier, pas d'argent et pas l'intention de voler.

Eloïse demanda alors:

C'est grand l'arbre mère ?

Aemon expliqua rapidement à Eloïse qu'il était un peu à court d'argent depuis qu'il l'avait acheté. Il y avait eu pire comme situation, ils pourraient encore vivre sans aucun problème. C'était juste que pour racheter quelque chose qui semblait avoir de la valeur, il ne pouvait pas payer en viande séchée. La seule solution serait de faire un petit boulot, si jamais le sylve acceptait de leur vendre la chose, ce qui n'est pas forcément sûr.

Ensemble, ils décidèrent de se diriger vers l'arbre-mère. Il trônait, fièrement de l'autre côté de la ville. Il ne serait pas difficile de le voir une fois qu'ils seraient vers la place centrale. Après tout, c'était l'être sylvestre qui abritait plusieurs centaines de maison, le genre de choses que l'on ne trouve qu'une fois sur toute une planète.

"Ce n'est pas grave Eloïse, j'ai beaucoup gagné au change."

En quelque sorte, cela signifiait qu'il aimait bien sa compagnie depuis. C'est vrai, l'ange était gentille il n'y avait aucun doute et il ne connaissait encore que très peu sur elle car elle n'avait pas encore vraiment parlé de sa personne. Malgré tout, il espérait qu'un jour elle puisse se dévoiler à lui. Un jour peut-être. Dans la rue, le lycan marchait fièrement sans se faire bousculer une seule fois car on s'écartait sur son passage à lui et à son ange.

Les gens regardaient d'ailleurs un peu plus la fille aux ailes blanches et s'étonnaient qu'un nocturne l'ait comme esclave. Ce que personne ne remarquait, c'est que le noeud qui attachait ses mains n'était absolument pas serré. Lorsqu'Eloïse lui demanda si l'arbre mère était grand, il lui désigna le ciel devant lui, un sourire en coin sur les lèvres.

"Vois par toi même."

Ils arriveraient dans peu de temps, ce n'était pas un parcours du combattant, il suffisait juste de marcher dans sa direction. Et lorsqu'ils s'égaraient, les gens leur donnaient le chemin. Personne ignorait comment y aller, c'était une fierté de la ville après tout.

"Je pense qu'on va essayer de négocier un peu avec lui, si il est là... Peut-être que tu devrais prendre un air un peu plus malheureux, ça fera un peu plus réaliste."

De l'index, il laissa une caresse aérienne sur la joue de l'ange avant de se retourner pour continuer sur la dernière rue qui les mènerait à l'arbre mère. Aemon faisait bien attention à n'offenser personne en les défiant du regard. Il y avait beau avoir une trêve avec la race verte, ils n'étaient pas pour autant tout le temps les bienvenues.

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