Au plus profond de la nuit [PV Ivy Caïn]~Terminé~

De toutes ses forces, la reine démoniaque s’empêchait de penser au futur. De penser au lendemain. Car ce serait certainement un lendemain sans lui. Et ne plus être avec ce lycan, qui agissait comme une drogue sur elle, qui lui faisait perdre la raison, était vraiment la dernière chose qu’elle désirait. Elle ne voulait jamais avoir à décoller ses lèvres des siennes. Avoir cette peau, ses muscles, à jamais sous ses doigts. Elle le voulait lui, tout entier, pour toujours. Ivy ne pouvait s’empêcher d’y penser. De penser que sur ce coup la, elle avait franchement manqué de chance. Certes, elle était bien chanceuse de l’avoir rencontré pour une nuit, d’avoir eut l’occasion de croiser quelqu’un avec qui elle entrait en parfaite compréhension, avec qui les mots étaient quasiment superflus. Mais la malchance provenait du fait qu’il s’était avéré que cette personne qui lui correspondait si bien, était un lycan. Et elle, elle n’était pas simplement une démone, elle était une reine. La distance qui les séparait était immense. Monumentale. Gigantesque.

Alors que ses pensées s’entrechoquaient dans son esprit, bien décidées à y mettre le bordel, la reine se demanda soudainement ce qu’en aurait pensé celle qui l’avait recueillie. Qu’aurait-elle dit ? Ivy n’arrivait pas à se le représenter. Mais elle doutait fort que l’ancienne reine aurait été contente. Elle aurait sans doute même été déçue. Ivy s’en voulait d’avoir de telles pensées. De parvenir jusqu’à une éventuelle considération de pouvoir trouver un moyen d’être avec lui, plus longtemps qu’une simple nuit. Mais elle ne pouvait s’en empêcher. Il avait sur elle un effet que personne n’avait jamais réussi à produire. Mais c’était la mauvaise personne.

L’idée que de rester à tout jamais avec la même personne pouvait finir par être rébarbatif lui traversa également l’esprit. C’était fort probable qu’on finisse par se lasser. Surtout elle, c’était bien son genre de se lasser des bonnes choses. Mais beaucoup de couple unis y arrivait, alors pourquoi pas eux ? Parce que ce n’était pas possible. Absolument inconcevable. Que cela signifierait renoncer au trône. Ce pourquoi elle avait tant fait d’efforts pour y arriver. Mais ce n’était pas le seul sacrifice qu’elle devrait faire, et lui devrait également et certainement en faire un certain nombre. Résultat du calcul, c’était tout bonnement impossible. Elle se devait donc de profiter pleinement du moment qui lui était offert, tout en sachant pertinemment qu’il finirait par arriver à son terme à un moment ou a un autre.

Le mot qu’elle avait prononcé n’était qu’un murmure, audible pour seul le lycan. Et une supplication, s’en était une. Elle en voulait encore, encore et encore. Elle le suppliait de ne pas arrêter, de lui donner encore plus. Maintenant que leurs corps étaient passés par la case de quasi repos, ils étaient prêts à faire leur retour sur le devant de la scène. La peau d’Ivy était trouée, irritée, déchirée, à de multiples endroits, mais la reine ne sentait plus grand-chose de toutes ses blessures qui parcouraient son épiderme. Elle n’y prêtait aucune attention. Le retour à la réalité serait brutal, et en plus d’être brusque il allait faire mal. C’était pratiquement une certitude.

Mais encore une fois, penser au futur, même très proche, ne servait à rien et manquait cruellement de sens. Quoique, tout en cette nuit manquait de sens. Tout semblait être sans dessus dessous, comme si la lune au dessus d’eux avait décidé de se moquer de leur sort, pour pallier à un ennui mortel qui la ferait souffrir.

Ivy se laissa faire, ses lèvres succombant encore et encore avec un plaisir non dissimulé à celles du lycan. Ne jamais s’écarter, c’était ce qu’elle désirait. Mais qui n’était bien évidemment pas possible et connu des deux partis.

Le membre du lycan la pénétrant encore et encore, avec force et vigueur. Ça faisait presque mal, mais c’était un pur délice quand même. Son corps en redemandait, sa peau s’hérissant sous les coups de reins qui lui procuraient un plaisir indescriptible, tandis que les lèvres de la reine était fermement attachées à celles du lycan, semblant ne pas vouloir se détacher. Le stade d’union qu’ils avaient atteint était plus que parfait, il était absolu. Il était absolument et tout simplement absolu. Que deux personnes se trouvent de la sorte, parviennent à une union pareille était extrêmement rare. Mais c’était ce qui était arrivé aux deux individus couchés à même le sol et qui se faisaient un plaisir de s’envoyer en l’air encore et encore.

Le jour finit par arriver. Plus cruels que jamais, les premiers rayons se faufilèrent entre les branches et les feuilles des arbres, déversant leur lumière sur les alentours. L’heure était venue, la réalité était la et elle faisait mal. Très mal. Ivy ne voulait pas ouvrir les yeux. Elle avait beau se dire que c’était le moment, qu’il fallait partir maintenant, elle n’y arrivait pas. Ses yeux étaient définitivement clos, son corps définitivement immobile. Mais lorsqu’elle entendit la voix du lycan exprimer quelques dernières paroles, elle entrouvrit ses paupières, fixant son regard sur Aemon profitant une dernière fois de la saveur exquise des lèvres du lycan. Puis il s’évanouit. En un clin d’œil, il avait disparu.

Alors, Ivy se leva, faisant mouvoir tout ses muscles, pour se mettre debout. Autour d’elle, il y avait de nombreuses traces de sang, des morceaux de tissus étaient éparpillés un peu partout. L’éternel sourire sur ses lèvres avait maintenant disparut, laissant place à une bouche inexpressive. C’était le rude moment de réalisation. Tout avait été bien la, rien n’était de l’ordre de l’imagination. Elle n’avait rien rêvé, tout était arrivé. Mais tout était finit maintenant. Il fallait passer à autre chose, retourner à la vie normale, le quotidien rébarbatif l’attendait.

La démone n’avait pas le courage de quitter les lieux. Elle n’avait pas la force de partir, du moins pour l’instant. Et ressentir tout cela ne lui plaisait pas beaucoup. Quelqu’un avait un impact sur ses sentiments, elle n’aimait pas cela du tout. Surtout que ce quelqu’un, qui avait su tant l’émouvoir, n’était plus la. Et les chances qu’elle le rencontre à nouveau étaient vraiment d’une extrême minceur. Le monde était grand, le nombre d’individus présents l’était tout autant, Ivy avait donc peu de chance de retomber sur Aemon un jour. Aemon…Aemon… c’était un nom qui faisait mal lorsqu’elle le prononçait.

Mais la vie devait continuer, c’est pourquoi la reine finit par partir, par franchir le pas de quitter cet endroit empli de souvenirs mémorables, ineffaçables, à jamais gravés dans sa mémoire. Ivy disparut à nouveau, franchissant rapidement la distance qui la séparait de ses quartiers dans les sous sols des ruines de ce qui fut autre fois une splendide cité. Mais bien entendu, avant de partir, elle ramassa son sabre, puis abandonna les lieux ainsi que toutes les traces qu’ils y avaient laissées. La reine avait mal un peu partout, son corps étant couvert de blessures diverses, mais bien entendu superficielles pour la plupart. Puis, dans un sourire, le souvenir du I qu’elle avait infligé à la peau du lycan lui revint en mémoire. Mais ce n’était pas un sourire de joie, d’amusement, simplement de regret. Parce qu’effectivement tel qu’elle l’avait prédit, la reine regrettait déjà le lycan.

Une fois dans ses quartiers, elle s’habilla d’une robe noire pratiquement identique à la précédente, puis se rendit voir ses ministres. Ils n’avaient pas intérêt à être désagréables ou récalcitrants, elle n’était vraiment pas d’humeur. D’ailleurs, il faudrait qu’elle trouve un petit sous-fifre sur lequel passer sa rage et son mécontentement. Elle s’occuperait de cela en sortant de la salle qui faisait office de lieu de rencontre entre elle et ses fameux conseillers.