"Alors Die, il parait que tu pars demain au matin ? Die ?"
La main ferme mais tranquille qui s'abat sur mon épaule fini totalement de me tirer de la contemplation du feu et je relève la tête vers mon interlocuteur, un brave type barbu et braillard du nom de Drok. Un vagabond comme moi, issu d'une caravane de nomade rencontrée quelques jours plus tôt et avec laquelle j'ai rapidement sympathisé. En échange de mes quelques talents à l'épée utilisés pour défendre le convoi, les caravaniers m'ont proposé une place devant le bûcher du soir et la possibilité de manger avec eux. Pour les nomades solitaires comme moi, ce genre d'offre ne se refuse pas. Et croyez moi, rien ne vaut une troupe de tziganes en vadrouille ! Lorsque la nuit tombe et que le bûcher crépite alors que les flammes y dansent, que votre panse est agréablement pleine d'un repas chaud et que les premiers accords de musique montent dans l'air de la nuit, il n'y a rien de meilleur. Les danses, les chants, les éclats de rire... Je n'échangerais pour rien au monde.
Mon oeil rivé dans le regard pétillant de bière et de bonne humeur de Drok, je finis par esquisser un sourire et consent enfin à lui répondre.
- Hmhm. Vous allez vers Roche-Sang et ce n'est pas vraiment ma route. J'aimerais voir cette ville, mais je doute que cela me soit un jour possible.
J'hausse les épaules et lève l'oeil vers le ciel étoilé, un petit sourire toujours vissé sur mes lèvres. Drok et ses amis sont une compagnie itinérante de lycans et peuvent aller et venir à leur guise dans leur capitale. Pour moi, ce serait trop risqué. Pour nous voyageurs enfants de la route, la race n'est pas souvent un problème, ce qui explique que j'ai passé ces deux semaine en bonne compagnie malgré la haine de nos sangs réciproque. Mais le temps est venu de nous séparer et je vais plutôt aller vers Ame-de-Lune et Glen'Finnan. Ensuite, j'improviserais. Peut-être irais-je vers les terres elfiques, mais cela importait peu. Je voyageais rarement avec pour but une destination précise.
Revenant à Drok qui encourage quelques jeunes à alimenter le feu alors que le camp commence à s'endormir doucement, j'enchaîne.
- Je partirais à l'aube, aussi ne nous reverrons peut-être nous pas, l'ami. Mais dis moi, j'ai une question : pourquoi tout les soirs tes jeunes s'amusent à raviver le feu malgré le coucher ?
Partant d'un rire gras mais bon enfant, mon compagnon m'attrape solidement par les épaules et d'un grand mouvement désigne le brasier crépitant.
" Ca, Die, c'est une coutume Lycanne ! Les louvetaux cherchent à s'attirer les faveurs hardies de la belle Karys ! On prétends que lorsque le feu est beau, elle vient honorer ceux qui l'ont allumé par ses déhanchés endiablés à faire durcir un mort ! AHAHAHAHA ! Alors nous, Lycans, nous attisons toujours le brasier avant de rejoindre la couche, pour être prêt si la Déesse vient nous r'mercier pour le foutu feu ! Un coup comme ça, ça n'se rate pas ! "
Et le voila qui repart à rire avant de me tapoter sur l'épaule, me disant de faire attention en chemin, me souhaitant bonne route... Nous nous donnons l'accolade avec amitié, et je viens embrasser sa femme et saluer le reste de la caravane avant de m'éloigner un peu. Demain, eux où moi seront partis au réveil de l'autre. C'est ainsi que ça se passe, sur la route.
Moi, je me dirige vers le petit ruisseau à quelques centaines de mêtres du camp. Trouvant un peu de terre meuble, je décide de m'y installer. Un vieux tissu fera office de matelas, et ma fidèle cape sera un parfait drap. Ma chemise de lin ôtée et roulée en boule s'improvisera oreiller, et je serais parti pour une bonne nuit de sommeil. Debout dans la nuit, mon oeil se fixe sur le feu de camp un peu plus haut tandis que détache le ceinturon supportant mon épée. Amusé je repense à la tradtion que Drok m'a conté peu de temps avant, me demandant si un simple feu avait déjà attiré la Déesse. J'en doutais, au vu de ce que je savais par les faits et gestes de mon père. Mais il me fallait admettre que la légende avait de quoi réchauffer un corps et je me pris à penser que si les vagabonds allumaient des feux c'était pour davantage jouir de la chaleur de Karys que de celle de ses flammes.
En parlant de feu, justement, je me décide à ôter mon cache-oeil pour laisser Babylone respirer un peu. La flamme ne me gêne pas pour dormir et personne ne viendra de toutes façons vers moi cette nuit.
M'étirant avant de finalement me diriger vers le ruisseau pour m'asperger d'un peu d'eau avant d'enfin ôter mes bottes, je finis par me coucher. Les bras croisés derrière la tête, je laisse mon esprit s'évader un peu alors que je regarde les étoiles, pour finalement glisser vers les abîmes d'un sommeil que j'espère tranquille.
Accueil 
![Dormir tranquille [Karys] Icon_minitime](https://2img.net/i/fa/icon_minitime.gif){kind=icon}
Jeu 4 Mar - 3:04