Retour de flammes [Karys]

Topic 2

La nuit tombait doucement sur Erotica, nimbant le ciel d’un dégradé de violet et d’orangé. Déjà les premières étoiles scintillaient à l’est, alors que le soleil n’en finissait pas de plonger derrière l’horizon. L’instant était magique. Les oiseaux de jour finissaient leur pépiement, alors que les nocturnes tentaient de s’imposer. Il flottait dans l’air cette odeur particulière du crépuscule, la température ambiante descendante faisant monter de la terre de nouvelles senteurs. Les fleurs de la nuit s’épanouissaient, bercées par la bise du soir

La surface du lac reflétait cette dualité, mélangeant le soleil et la nuit en un miroir presque immobile. Presque, parce qu’une silhouette fendait l’eau de gestes calmes et précis. Caïn nageait, pratiquant un crawl tranquille qui le menait d’un bout à l’autre de l’étendue du lac. Il s’était arrêté vers la mi-journée pour profiter de la fraicheur du lieu, entre l’ombre des frondaisons et l’humidité ambiante. Il était sur la route depuis plusieurs jours, se laissant aller à son instinct. Il savait qu’il cherchait des réponses, mais n’avait aucune idée de comment les obtenir. Cependant, sa marche n’était pas du temps perdu. Il apprenait, car voilà la première fois qu’il s’aventurait loin de ses forêts natales et habituelles.

Il venait de se réveiller d’une longue sieste et s’apprêtait, après avoir mangé un morceau, à repartir. La nuit serait belle et propice à une longue promenade en solitaire. Pour se ragaillardir, il avait décidé de piquer une tête. Puisqu’il était seul, il n’hésita pas à se déshabiller et à laisser tout son équipement sur la rive. Toutefois, il ne s’éloignait pas trop, au cas où… On n’était jamais à l’abri de quoi que ce soit…

D’ailleurs, il avait fini. Reprenant pied dans la partie meuble du lac, il s’ébroua comme un animal, pour chasser les gouttelettes qui s’accrochaient à sa chevelure rebelle, et s’arc-boutant sur ses mains, il finit par se hisser sur la rive. Nu comme au jour de sa naissance, il n’éprouva pas le besoin de s’habiller tout suite, laissant les derniers rayons de soleil séchait sa peau maintenant hâlée par les voyages quotidiens.
- « Par les furoncles du premier démon!!!! » pesta-t-il soudain en se hérissant comme un chat. Il contemplait les restes de son feu qui s’était éteint alors qu’il l’avait allumé à son réveil, juste avant d’aller nager. Il avait pourtant pris soin de le construire avec du bois sec. Mais il ne s’échappait désormais qu’une ridicule fumerolle qui s’envolait en spirale dans l’air du soir. « Et comment je fais, sans feu, moi ? Je suis bon pour tout recommencer… »

Envolée, la quiétude du moment. Il allait devoir se sécher rapidement, au lieu de profiter de la chaleur résiduelle, et s’amuser à se carapater dans les fourrés à la recherche de nouvelles branches…. Une soirée qui s’annonçait mal…

Karys, déesse majeure, Maîtresse des flammes, ainsi que d'autres titres ronflants qu'elle même ne parvenait pas à mémoriser, s'en fichant de toute façon, se trouvait sur les rives du lac quand elle entendit le jeune sylve se plaindre de son feu. Vous allez me dire qu'un lac n'était pas l'endroit ou l'on s'attendait particulièrement à rencontrer une déesse majeure, de surcroit la déesse du feu, mais à la vérité, elle revenait du village de glenn rifann, dont elle était l'une des protectrices. Le festival des flammes venait de se terminer, festival célébrant la grâce de karys, et celui ci était toujours une occasion pour la belle déesse de venir admirer les plus belles flammes possibles, c'est pourquoi elle ne manquait jamais ces festivités.

Ainsi, revenant du village en longeant le lac, elle entendit les appels a l'aide du jeune homme nue, qui semblait avoir besoin d'un feu pour se réchauffer. Après l'avoir observé quelques minutes, dans sa nudité la plus pure, elle finit par décider de l'aider. Après tout, il était plutôt mignon, et sa virilité semblait de bonne augure. De plus, revenait du festival, elle était de très bonne humeur ce soir la, et était toute disposée à faire un petit geste, et plus au besoin, la déesse n'étant absolument pas contre les petits extras, surtout si ceux ci se faisaient dans le sens le moins favorable à la vertu et a la liberté de Karys.

Elle sortit donc a découvert, dans sa tenue de voyage habituels, ne comportant que son string, son soutien gorge, des bas et gants rouges sombres, et, avec un petit sourire pour le sylve, ne le perdant pas de vue, elle ralluma son feu de bois, qui se mit a crépiter, de hautes flammes rouges montant presque jusqu'a hauteur de taille. Bien qu'il n'y ait pas de combustible, le feu ne mourrait pas, alimenter par le pouvoir de la déesse.

" - Et voila. Il y a autre chose dont vous auriez besoin ? N'hésitez pas, surtout, si je peux faire quoi que ce soit pour vous satisfaire..."

Dit elle avec un sourire malicieux, le regard pétillant. La déesse s'amusait à provoquer un peu l'homme, nu comme un ver devant elle, se demandant si il allait mordre a l'hameçon.

Caïn se retourna en une action aussi rapide qu’inutile. A l’instant même où il avait senti la présence de quelqu’un à proximité de son camp, avant même qu’il n’eût le temps de bondir sur ses armes pourtant à portée de main, un grand brasier s’était allumé là où la seconde auparavant il n’y avait que fumée. Et la lueur des flammes projetait sur la chair d’une parfaite inconnue un jeu d’ombre et de lumière qui masquait tout en dévoilant les courbes appétissantes d’un corps offert à la nuit. Ceci combiné à la voix qui semblait au début sortir de nulle part…

On avait beau être un makrâlle, un assassin entrainé, il y a encore des choses qui vont surprendront toujours. L’apparition d’une déesse rentrait dans cette catégorie. D’abord Caïn fut stupéfait avec – à son corps défendant – une pointe de peur. Puis, il reconnut Karys, et une vague d’émotions indéfinies le submergea. Oscillant entre l’admiration, la crainte, l’incrédulité du fait même, Caïn chuta à terre avec un claquement de fesses quand son postérieur rencontra la pierre.
- « Hé ben merde alors… » souffla-t-il, totalement estomaqué. Sa main qui s’était tendu malgré lui vers ses armes retomba sur son cœur, cherchant à calmer les battements affolés de son cœur. « J’ai failli chopper une crise cardiaque, moi. Ceci dit, belle entrée ! » commenta le jeune homme sans toutefois chercher à se relever.

Dans sa tête, il passait en revue tout ce qu’il savait sur Karys. Il ne doutait pas une seconde qu’il avait en face de lui la déesse. Déjà, son instruction de Druide, puis les très récents événements et enfin son instinct lui disaient qu’il n’avait pas affaire à une simple utilisatrice des flammes. Non, cette prestance, cette aura ne pouvait qu’appartenir à une Divinité. Et une autre partie de lui susurrait tout bas dans son subconscient qu’une telle beauté ne pouvait que servir une déesse, car une mortelle aussi jolie serait à même de rendre jalouse une déité.
De part son attrait vers les ténèbres et la lune, Caïn n’avait jamais vraiment vénéré ou même prié Karys. Néanmoins, il respectait son culte aussi fermement qu’une autre divinité, y compris celle des démons, bien que ceci ne fût fait que par peur de représailles que par pieuses et sincères dévotions.

Quoi qu’il en fût, Caïn ne savait trop comment agir. Jamais auparavant une déesse ne s’était manifesté devant lui, pas même la divinité des sylves. Et le peu de connaissance qu’il avait de la maitresse des flammes le rendait assez nerveux. Il ne voudrait tout de même pas l’énerver, la contrarier et s’en faire une ennemie.
Retrouvant ses esprits, il reprit une position un peu plus digne, assis en tailleur. Il ne chercha pas à cacher sa nudité. Déjà parce qu’il n’avait pas honte de son corps, et parce que Karys elle-même ne portait pas grand-chose. Certes, ça avait son « petit » inconvénient, aussi le sylve évitait de regarder de trop près certaines anatomies charnues devant ses yeux. Ce qui seyait au rôle de mortel reconnaissant :
- « Je vous remercie de votre intervention. Assez inattendue, mais très agréable. Si vous souhaitez partager mon repas, vous êtes la bienvenue…. Je ne vais tout de même pas vous chasser de votre propre foyer… »

A bien y réfléchir, s’habiller ne serait pas une mauvaise idée. En plus, toutes ses provisions étaient dans son sac, à côté de ses vêtements. S’occuper les mains éviterait à sa langue de dire des énormités. Avec une souplesse née d’une grande pratique, Caïn se leva et avança vers le côté du feu, où ses affaires l’attendaient. Ses yeux ne purent éviter de contempler encore une fois Karys et bizarrement, il sentit ses joues s’empourprer. C’était la chaleur du feu, ça ne pouvait être que ça…
- « Faire autre chose.... beeeen euuuuh...»
Pourvu qu'elle ne soit pas télépathe...