Premiers pas [PV Eloïse]

En ville, Aemon avait acheté une esclave. Il s'était montré particulièrement brutal aussitôt qu'il avait vu en elle une possibilité de rébellion mais avait été coupé court dans son activité par des individus qui les poursuivirent dans les rues de la ville. Fort heureusement pour lui, lycan était habitué à se battre. Longtemps il avait été le guerrier le plus puissant de son clan avant de se retrouver banni à cause d'un débordement dans son comportement. Depuis il avait erré, la plus grande partie du temps, il évita la ville car il n'aimait pas la compagnie des gens. Pourtant, l'idée d'avoir un ange comme esclave l'avait amusé, alors il l'avait acheté sans réfléchir aux conséquences.

Ce n'est qu'après avoir essuyé quelques blessures qu'il avait révélé une partie plus douce de sa personne devant l'ange. Il était capable de clémence, de gentillesse, même si c'était sur un ton bourru ou dénué de sentiments. Il prendrait soin de l'esclave comme elle devrait prendre soin de lui, c'était un contrat logique lorsqu'on achète un esclave. Par contre, il ne pouvait garantir d'être toujours pacifique, ses pulsions de loup pouvaient jouer des tours. Avant de s'endormir, il avait confectionné des souliers en feuille pour l'ange qui le remerciait de nouveau. Sa réplique cinglante l'avait amusé. Elle ne fuirait pas sa destinée et mourrait avec lui? Si c'était son choix, il n'allait pas essayer de la raisonner.

Il voyait bien qu'elle avait quelque chose à dire, mais les paroles n'arrivaient pas. Aemon n'insista pas plus et s'endormit simplement contre l'arbre, trop épuisé pour avoir une joute verbale. Si on ne nous dit pas, on ne peut pas savoir. Qui sait comment il réagirait si elle lui demandait de la traiter comme autre chose que son esclave. Comme prévu au petit matin, le lycan s'était éveillé en pleine forme et de bonne humeur. Après la cueillette de quelques fruits pour petit-déjeuné et pour la réserve, les deux quittèrent le couvert du buisson pour prendre la route. Le temps était dégagé, un soleil matinal réconfortait la peau du lycan dans son dos.

"Alors, bien dormie?"

Intérieurement, il était content qu'Eloïse soit rester auprès de lui plutôt que de s'enfuir. Il ne le lui dit malgré tout pas et se contenta de marcher en silence. Lorsqu'ils furent arrivés à la rive du lac d'Ame-de-Lune, les deux individus s'arrêtèrent.

"Je n'ai pas eu l'occasion de me baigner depuis longtemps et c'est là l'occasion pour toi de te décrasser de toute la poussière qui te couvre."

Une nouvelle occasion pour la voir nue éventuellement. Cette fois-ci, le lycan n'alla pas jusqu'à déchirer les vêtements fraichement achetés. Il les lui retira sans qu'elle ait son mot à dire, et les plia dans un coin en retirant à son tour ses habits et en restant en caleçon. Ses muscles étaient mis en évidence, à côté de la nudité d'Eloise. Doucement, ils pénétrèrent dans l'eau fraiche et avec douceur, le lycan commença à frictionner les membres de son esclave pour réchauffer son corps, la laver et également cette fois, profiter un peu pour découvrir dans ses mains, sa petite personne. Il n'y avait aucune marque d'agressivité cette fois, Aemon n'était pas d'humeur à se battre, alors il se contentait de laver son esclave consciencieusement.

La nuit s'était somme toute bien passée, Eloïse avait fini par s'endormir d'un sommeil agité. Il faut dire que la petite avait été traumatisée de se retrouver avec un membre de lycan dans la bouche. Ainsi, elle n'avait que très peu dormi.

Mais fière comme artaban, elle n'en laissait rien paraître. La fatigue était certes présente mais elle tenait à faire bonne figure devant Aemon. Elle l'aida à cueillir quelques fruits et une fois le sommaire petit déjeuner englouti, elle le suivit sur la route.

Elle répondit à la question de son maitre par:

Oui, je suppose alors que ses cernes criaient le contraire.

Mais elle ne se démontait pas et suivit le rythme de la marche, tantôt déployant ses ailes pour les désengourdir.

Ils atteignirent finalement leur but lorsque les rives d'un lac se dessinèrent au loin. Eloïse ne connaissait pas ce lac mais un frisson la reprit. Si elle avait vu juste, il allait lui demander de se baigner, et pour ceci, elle devrait enlever ses vêtements.

Le lycan, lui, n'avait pas ses problèmes de pudeur à en croire la célérité qu'il avait eu à se débarasser du superflu et à la mettre à nue de nouveau.

Pendant qu'il enlevait à son tour ses affaires, Eloïse tentait de cacher son corps à l'aide de ses mains et son visage était devenu entièrement rouge de gêne. Non, mais c'est vrai quoi, quelle manie il avait lui, de la déshabiller constamment ?

Elle eut de nouveau un air triste et se contenta de regarder le sol résignée.

Elle regarda à peine les muscles saillants du lycan et se contenta encore une fois de pénétrer dans l'eau sans vraiment avoir le choix. Elle se laissa aussi faire, résignée, lorsqu'il commença à la frotter.

Elle était vraiment gênée et dans ces moments là, Eloïse n'était qu'une poupée vide. Une larme commença à couler le long de sa joue et elle demanda enfin:

Vous... Vous n'allez pas m'obliger à ?

Son coeur battait très fort et toute la tristesse du monde transparaissait de la voix de l'ange. Son corps tremblait un peu également.

Le lycan avait emmené Eloïse au lac pour passer du temps là-bas mais également pour qu'elle puisse se laver. En l'occurrence, dans la situation actuelle, il était plutôt en train de la laver, sans arrières pensées. Simplement, il était le maitre alors il possédait le corps de l'ange. Ses ailes étaient soyeuses, vraiment jolies lorsqu'on y regardait de près. Le lycan ne laissa rien paraitre et continuait de la frotter jusqu'à ce qu'elle se retourne, des larmes sur les joues une nouvelle fois. A quoi pensait-elle? Le lycan s'aperçut enfin que ses actes avaient pu être choquant la veille et dans cette nouvelle situation, elle pouvait tout craindre de son humeur instable. Toutefois, Aemon sécha les larmes de l'ange et lui répondit calmement.

"Ce qui s'est passé hier, j'éviterai de recommencer, je te le promets."

Du moins, ça serait le cas tant qu'il serait conscient, car les jours de pleine lune, tout pouvait arriver. Sa transformation obligatoire en loup, et ses pulsions sanguinaires ou sexuelles, tout pouvait arriver à ce moment là. Il lui en toucherait un mot plus tard. En attendant, il se montrait souriant et rassurait l'ange pour qu'elle arrête de pleurer. Ses frictions sur ses bras devinrent des caresses plus douces et il la serra soudain dans ses bras en la retournant face à lui. Sa poitrine s'écrasa contre son torse musclé, et il resta immobile comme ça quelques instants.

"Je sais que je peux être très lunatique, et je m'excuse d'avance pour ce qui pourrait t'arriver à ce moment-là. Tu devras particulièrement t'éloigner de moi les soirs de pleine lune. Je ne suis pas sûr de pouvoir me contrôler à ce moment là, c'est ça être un lycan... Mais en attendant, tant que j'existerai, personne ne mettra la main sur toi et j'essaierai de... je ferai un effort."

Bon, ça commençait à être agaçant de devoir déblatérer ces paroles. Il avait une fierté aussi, il était guerrier, un guerrier droit qui prenait ce qu'il voulait. Peut-être que l'allure frêle de l'ange lui avait fait comprendre que dans certains cas, cette puissance ne ferait que bloquer l'évolution d'une relation, en particulier si il passait son temps à la choquer. Doucement, il la lâcha donc en tremblant à cause de la fraicheur de l'eau.

Est-ce qu'elle allait croire en lui? C'était là une bonne question car il faut se rappeler que tout ce qu'elle voulait, c'était être traitée comme une égale, ce qui paraissait impossible aux yeux du lycan qui se considérait comme faisant partie d'une race supérieure. Sa main mouillée sortit de l'eau et vint caresser la joue d'Eloise, il la regardait avec ses yeux rouges, si pénétrant, si intenses comme si il pouvait lire en elle.

Eloïse était un peu perdue. Elle voyait bien que Aemon tentait de la rassurer mais cela prendrait du temps avant qu'elle ne soit plus choquée par les évènements de la veille.

Alors, elle restait immobile, sentant les mains du lycan lui laver la peau. A vrai dire, elle était gênée de se retrouver toute nue avec un membre de la gent masculine, même si techniquement il était son maitre et avait donc les pleins pouvoirs sur elle.

Eloïse n'était pas une guerrière. Oh certes, elle savait manier l'épée et l'arc mais n'aimait pas se battre.

Elle fit un large sourire à Aemon lorsque ce dernier sécha ses larmes et lui promit de ne pas rétiérer son comportement de la veille. Les frictions devenaient caresse et Eloïse se raidit quelque peu lorsque le lycanthrope la serra fort contre lui.

Sa poitrine était écrasée contre le bas du torse musclé de son maitre et entre le contact de l'eau et celui de la peau nu de son maitre, Eloïse se mit alors à rougir fortement. Elle ne bougea pas et écouta encore son maitre parler de sa transformation en loup et de ses pulsions. Elle resta interdite ne sachant quoi répondre.

Elle ressentit alors la pression se relâcher quelque peu et Aemon frissonner. Il devait avoir froid. Elle se rapprocha alors de lui et commença à son tour à le frotter énergiquement, pour le laver et pour le réchauffer. Ce n'était pas le moment d'attraper un rhume.

De ses petites mains frêles, elle frotta tout le buste musclé de Aemon, puis son dos. Quand elle eut fini, elle hésita alors à frotter le bas, de peur qu'il croit autre chose. Elle se décida alors et plongea la tête sous l'eau pour venir lui laver les jambes, évitant soigneusement le caleçon et toute cette zone qui lui faisait peur.

De temps à autre, elle réapparaissait à la surface pour reprendre sa respiration avant de terminer consciencieusement le lavage presqu'intégral de son maitre.

Son cerveau réfléchissait à cent à l'heure. Elle ne savait ni quoi penser, ni quoi faire. Elle aurait voulu être utile mais force est de constater qu'elle était trop faible et trop fluette pour se battre dans ce monde.

Elle était née mi ange mi démon, et en plus faible. Eloïse aurait voulu être forte, posséder des pouvoirs pour aider ceux qui en avaient besoin, malheureusement le destin en avait fait une paria, et non une ange forte et respectée... Et ce dernier point la rendait immensément triste.

Clairement, Aemon était imprévisible dans ses réactions. La veille, il avait tenté de la violer, de la posséder, et puis ensuite, il n'avait arrêté d'être aux petits soins pour elle. Il avait peut-être été attendri par l'attention qu'elle avait eu en pensant ses petites blessures et lui en était reconnaissant. Toutefois, son corps se régénérait vite, ça n'aurait été question que d'une journée avant qu'il ne soit entièrement rétabli. Enfin, il avait vu en elle une femme au corps frêle. Elle n'était pas forte, elle n'était pas particulièrement jolie, mais était mignonne à regarder. Sa vie avait dû être un enfer, en passant de maitre en maitre. A nouveau, elle venait d'en avoir un nouveau, est-ce qu'elle allait le craindre ou l'apprécier?

Le lycan, aussitôt qu'il remarqua ses signes de détresse s'était montré gentil et compréhensif. Il avait mal agit, il s'en excusait. Le large sourire qu'elle lui adressa finalement lorsqu'il lui sécha ses larmes le rassura quelque peu. Il n'exprima pas le plaisir qu'il avait de la voir sourire de cette manière et la lâchait finalement pour qu'elle fasse ce qu'elle veut. Sans un mot, elle était alors venue à lui pour le laver à son tour.

Le lycan resta immobile dans l'eau et se laissa simplement faire. Les mains de l'ange glissait sur son grand corps musclé, elle faisait comme il avait fait pour qu'elle n'attrape pas froid. C'était inévitable dans ce lac, mais c'était supportable au final. Elle était petite par rapport à lui et ses mains l'étaient également, minuscules sur son torse. Aemon ne fit aucun commentaire lorsqu'elle plongea pour laver ses jambes.

Lorsqu'on respecte quelqu'un, il nous respecte en retour n'est-ce pas? Elle faisait tout ça de son propre chef, il ne lui avait rien ordonné. Oui, peut-être qu'une relation de ce genre pouvait marcher. Il ne devait pas lui faire peur, et tant qu'il serait là, il la protègerait contre les éléments extérieurs qui lui voudraient du mal. Une fois qu'il se sentit bien propre, le lycan remercia Eloïse.

"Merci Eloïse. Maintenant, je vais monter me sécher. Si jamais tu as envie de te baigner encore un peu, fait toi plaisir."

Alors il sortait de là, ruisselant d'eau. Le lycan se secoua le corps comme un loup, sans que cela ne sèche quoique ce soit de plus, c'était une petite habitude qu'il avait prise. Il s'éloigna alors un peu pour soulever une grande pierre ovale qu'il y avait dans un coin et sortit du trou qu'elle dissimulait, un coffre en bois qui contenait des serviettes. Depuis le temps, Aemon avait des caches partout où il allait, les objets pratiques aux endroits stratégiques. Bref, il revint avec deux serviettes et regarda son esclave qui était à ce moment là encore en train de barboter. Ses lèvres s'étirèrent en un petit sourire.

Une fois qu'Eloïse eut fini de frotter Aemon, elle ressortit la tête de l'eau. Son maitre lui annonça alors qu'il allait se sécher. Eloïse, elle, préférait faire quelques longueurs histoire de dégourdir ses muscles, encore endoloris par la petitesse de la cage dans laquelle elle avait été longuement enfermée.

A vrai dire, quelque chose la gênait. Elle aurait préféré avoir un maillot de bain, même improvisée plutôt que de se baigner toute nue dans ce lac. La sensation était certes assez agréable mais l'ange n'osait, de ce fait, pas ressortir.

En effet, elle restait dans l'eau de peur de ressortir et que Aemon la dévore du regard. Il avait sorti des serviettes mais le fait est qu'elle devrait se montrer nue quelques dizaines de mètres.

Eloïse se mit alors sur le dos et fit la planche un long moment avant de s'apercevoir que sa poitrine ressortait des flots. Elle faillit alors se noyer en tentant de prendre une position plus adéquate.

Elle commença à avoir froid et décida de sortir. Elle réflechit à un stratagème pour éviter de se montrer nue et en trouva un.

Elle commença alors par se mettre debout, l'eau jusqu'au cou et déploya ses belles ailes blanches pour les sécher hors de l'eau, puis elle les replia sur son corps et sortit ainsi vêtue de son manteau de plume. Elle se dépécha de prendre une serviette pour couvrir les parties de son corps qu'elle ne voulait pas que son maitre voit.

Elle s'ébourrifa alors les ailes et regarda Aemon d'un regard interrogateur:

Et maintenant ?

Le lycan enfin propre se décida à sortir de l'eau en laissant le loisir à son esclave de faire ce qu'elle voulait. Il n'avait plus la crainte qu'elle ne s'enfuie, elle allait rester, il en était persuadé. Le temps qu'il aille chercher deux serviettes et qu'il revienne, Eloïse était en train de nager. Sa nudité se voyait quelque peu de loin, le lycan s'aperçut que sa fureur de la veille avait été causée à cause d'un caprice qu'il avait voulu réalisé. Tout comme un enfant qui n'avait pas ce qu'il voulait, il avait forcé l'ange à faire ce qu'il désirait, d'ailleurs, il était parvenu à ses fins mais avec une victoire amère dans sa bouche.

Il était assez vieux pour pouvoir se contrôler, il avait vu quatre-vingt huit ans s'écouler, la sagesse devait s'être un peu inculquée en lui tout de même! Le lycan se sécha tranquillement, pas le moins pressé du monde. Ses journées lui appartenaient, la vie lui appartenait, cette liberté, il ne l'échangerait contre tout l'or du monde. Un moment, il pensa à ce que devait ressentir Eloïse, esclave d'un lycan, elle aussi devait aspirer à la liberté.

*Il faut que j'arrête de réfléchir...*

De nouveau, Aemon se concentra sur les gouttes d'eau qui étaient sur son corps. En tournant la tête vers Eloïse, il la vit sortir de l'eau, ses ailes blanches cachant sa nudité. Tout d'abord surpris, le lycan lui tendit finalement sa serviette avec un sourire en coin et se tourna pour ne pas la gêne. Fort bien, elle avait le droit à son intimité, même si la possédait. Hum, il la considérait de moins en moins comme une esclave, c'était mauvais signe.

"Nous avons tout notre temps. Si tu veux on peut discuter. Par exemple, je peux te parler de moi, tout comme tu peux me parler de toi. Tiens, je vais commencer."

La serviette fut posée au sol, et il s'assit dessus en tailleur avant de commencer.

"Aemon Eis, c'est le nom que les lycans m'ont donné. J'étais membre d'un clan jusqu'à ce que je sois exilé et depuis, je parcours les terres sans véritable but à vrai dire. J'ai une préférence pour les lieux naturels comme celui-ci, j'espère que tu n'auras pas le mal de la ville, je n'y vais qu'une fois par semaine."

Il se gratta distraitement les cheveux avant de continuer.

"Oui, à propos de ces pleines lunes. Durant ces jours là, je me transforme en loup, un loup blanc. Auparavant, je n'avais pas conscience de mes actes à ce moment là, mais maintenant, je sais à peu près me contrôler, mais pas entièrement. Après tout, j'ai une bête au fond de moi, c'est ce que les démons ont fait de nous."

Le regard d'Aemon se fit un peu plus pensif sur le coup. Les démons, il avait cherché à les détruire depuis tout petit avec les siens. Maintenant qu'il était exilé, est-ce qu'il était toujours censé mener à bien cette mission?

Eloïse faisait un manège pas possible pour tenter de s'habiller tout en essayant de ne pas découvrir son initimité. Elle attrapa sa culotte et sa robe puis, tout en essayant de garder sa serviette enroulée autour d'elle, essaya de s'habiller.

Le problème est qu'elle était un peu maladroite, et ce qui devait arriver arriva. Elle s'étala par terre et la serviette retomba découvrant son corps. Eloïse devint toute rouge et se dépécha d'enfiler sa culotte et sa robe.

La tentative d'habillage digne fut un fiasco total.

Le lycan, lui n'avait pas l'air d'avoir ce souci de pudeur vu qu'il s'assit en tailleur, et en caleçon sur sa serviette. Eloïse tentait de rester fière et contenait le rouge dans ses joues devant la quasi nudité du monsieur.

Elle attendit que son maitre prenne la parole, chose qu'il fit. Elle l'écouta attentivement en hochant parfois la tête. Une fois qu'il eut fini, Eloïse remarqua que ce dernier paraissait pensif et sentit un brin de tristesse transparaitre de Aemon.

Elle attendit quelque peu et répondit:

Les loups sont fait pour vivre en meute.

Elle se mordit la lèvre de peur d'avoir dit soit une bétise, soit une parole d'une extrême platitude. Eloïse bredouilla alors et reprit:

Je veux dire. Pourquoi t'es-tu retrouvé exilé ?

Eloïse conclut finalement:

Les loups blancs ne me dérangent pas. Et nous avons tous une bête au fond de nous...

Le lycan n'avait pu s'empêcher de se retourner en attendant le remue-ménage qu'Eloïse faisait derrière lui simplement pour se rhabiller. En la voyant étalée par terre rouge comme une tomate, il sourit toujours autant amusé, puis s'éloigna un peu pour lui permettre de se revêtir correctement. A sujet de quoi faire, il proposa simplement de discuter en s'assaillant sur la serviette sans songer à se rhabiller. Il parla de lui, de sa situation actuelle, car elle était la première concernée par la manière dont elle allait vivre. Ca ne serait pas les moments les plus reposants de son existence, mais si elle aimait voyager et découvrir du pays, le lycan le lui permettrait.

A la fin de son explication, Aemon se retrouva songeur. Les conséquences de son exil étaient évidentes, il n'avait plus d'ami, il vivait solitaire, nomade et continuait de rester fidèle à ses principes. Malgré le fait que la liberté était le plus beau des cadeaux, il ne pouvait s'empêcher de repenser avec mélancolie aux soirées au coin du feu à rire avec une boisson en main avec ses frères. C'était un temps désormais révolu, il ne pouvait pas retourner en arrière. Ce que dit l'ange était juste. Il était naturellement habitué à vivre en meute, même si cela faisait vingt ans qu'il faisait bande à part, le sentiment resterait inoubliable.

"Je ne peux pas retourner les voir de toute façon. J'ai tué l'un des miens, une unique fois, et ce fut la dernière fois. Ma sentence aurait pu être bien plus cruelle, mais j'étais presque le chef, ils ne pouvaient pas me tuer comme ça à mon tour en devenant eux-même des assassins. Enfin..."

Un rire nerveux agita le lycan qui leva les yeux vers Eloïse. Elle ne savait pas de quoi elle parlait.

"Lorsque je suis loup, je peux me montrer très sauvage et... enfin, je ne veux pas te faire un dessin. Je ne sais pas encore comment on va s'y prendre, mais je veux te savoir en sécurité ces nuits là, là où je ne pourrai pas t'atteindre."

Bien sur, il pouvait toujours essayer de se contrôler, mais si, le grand "si", qui pouvait déroger à la règle, si il perdait le contrôle un moment, elle n'aurait pas deux vies pour retenter le coup.

D'un bond, il se mit sur pied et passa son haut sans manche et son pantalon noir. Il se demandait bien ce qu'elle pensait de lui maintenant.

Eloïse écouta les réponses attentive aux réactions de son maitre. Elle ne dit rien et attendit qu'il eut fini. Elle murmura juste:

Il ne semble malheureusement pas que le pardon fasse partie de ce monde.

Elle avait dit cela d'un ton plat et triste. Elle regarda alors son maitre se relever, et se releva à son tour. Elle se dirigea alors vers lui et saisit ses deux mains dans les siennes. Elle releva alors la tête et fixa Aemon dans les yeux, puis prononça:

Je te pardonne pour ce que tu m'as fait.

Elle fit un large sourire, lacha ses mains puis se retourna vers le lac, avec un sourire. Et elle demanda finalement:

Ou va-t-on maintenant ?

Eloïse avait complètement éludée la question de la transformation du lycan. Après tout, elle n'avait pas envie d'en parler. Elle se demandait où le Lycan l'emmènerait et s'il croyait vraiment qu'elle était son esclave. Si la vie les avait fait se rencontrer, ce n'était pas un hasard et Eloïse croyait fermement en sa qualité d'ange.

Elle rassembla ses affaires, et eut soudain un petit sursaut. Elle demanda alors d'un air sombre à Aemon:

Le vendeur t'a t-il donné mes affaires ? Et mon épée ?

Une pointe d'inquiétude transparaissait du visage, devenu fermé, de l'ange...

Le pardon n'existait pas dans le coeur des nocturnes, pas pour ce genre d'acte brutal et sauvage qui les déshonorait. La règle était de ne jamais toucher un cheveu des siens. Les joutes verbales pouvaient avoir lieu, mais elle devait rester sans mort. Lui avait été agité d'une rage si folle qu'il en avait éradiqué un. Ce geste il ne le répéta plus jamais de sa vie. Pour se changer les idées, Aemon se leva et se rhabilla maintenant qu'il était sec. Son sombre passé devait retourner à sa place. Il en avait parlé à Eloise un moment, mais espérait y faire allusion le moins possible.

A sa grande surprise, l'ange vint vers lui et lui prit les mains. Elle l'excusait de son geste, ce qu'il lui avait fait la veille alors qu'ils venaient de se rencontrer. Le lycan la regarda un moment sans rien dire, surpris par ce choix, puis secoua la tête de haut en bas.

"Mais il existe chez toi... Merci."

La question de la prochaine destination revenait. Le lycan aurait aimé que la femme parle d'elle, mais n'insista pas sur la question. Si elle avait envie de parler d'elle elle le ferait en temps voulu. De son côté, il n'avait pas la moindre idée de la manière dont il allait organiser sa journée. En général, il ne se posait pas la question et allait simplement là où ses pas le menait. L'ange ne se contenterait surement pas d'une réponse de ce genre alors il se creusa la tête en se grattant distraitement le cou en réfléchissant. Soudain, l'ange le coupa court dans sa réflexion en lui demandant l'air inquiète si il avait récupéré ses armes. Il regarda à par terre à droite à gauche, puis repensa au marchand.

"Hum, non, non il ne m'a rien donné. Est-ce que c'est quelque chose d'important pour toi? Parce que sinon, on peut toujours aller t'acheter une nouvelle arme."

Le lycan s'avançait déjà à l'improviste, vers une destination inconnue, puis avec un petit sourire lui dit par-dessus son épaule:

"Par contre, si tu veux récupérer tes affaires, on a intérêt à se dépêcher. Ce type peut se trouver n'importe où maintenant."

Courir après un marchand d'esclave à travers Erotica. Est-ce qu' Eloïse allait prendre gout à ce genre d'aventure? Il l'espérait bien.

Eloïse se maudit tout d'un coup de ne pas avoir vérifié ce détail quant à ses armes. Son arc, elle n'y tenait pas trop, mais son épée... Oui, il fallait absolument qu'elle retrouve son épée. Elle ne pouvait pas se permettre de la remplacer par une autre, il lui fallait la retrouver.

Elle dit alors:

Oui, je tiens absolument à récupérer mes affaires !

cela pouvait paraître égoïste mais Eloïse et son épée formaient une histoire de cœur assez spéciale. Elle se devait de la récupérer. C'en était vital pour elle.

Elle sourit alors lorsque Aemon lui fit signe qu'il fallait se dépêcher. Elle hocha la tête et dit:

Attends ! Après le chahut que l'on a fait là-bas, je pense qu'il va falloir que tu m'enchaines ou que tu me mettes en laisse quand nous entrerions dans la ville. Pour ne pas eveiller les soupçons !

Le cœur d'Eloïse battait la chamade et la petite adorait l'aventure. Donc, cette fois, elle était ravie d'avoir trouvé un compagnon même si techniquement ce dernier était son maitre...

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