Causalité circulaire [PV Ulric Aenarion]

Ivy, reine démoniaque, était assise en bordure de son lit, dans la pièce qui lui servait de chambre, dans les sous sols des ruines de l’ancienne cité d’Oscura. La nuit était déjà passablement avancée, mais Ivy ne dormait pas. Fait qui n’était guère étonnant. La démone s’ennuyait. Étonnant, ceci ne l’était pas non plus. Les nuits de presque insomnies pendant lesquelles la reine ne savait que faire se suivaient bien trop fréquemment. Et pour pallier à cet ennui, il n’était pas rare qu’Ivy se laisse aller à sortir de son domaine pour affronter avec force et courage les créatures de la nuit qui peuplaient Erotica. La réponse était évidemment oui, les démons pouvaient être considérés comme un peuple de la nuit, aucun d’entre eux ne dormant beaucoup.

Mais donc, en cette nuit d’inoccupation, la démone aux yeux verts étincelants décida de sortir. Ou aller ? Elle ne l’avait pas encore décidé. L’envie la prendrait lorsqu’elle croiserait quelque chose qui l’inspirerait. Croisant nombres de ses compères, Ivy remonta à la surface. La lune était mi pleine, ou mi vide, tout dépendait du point de vue. L’air, quant à lui, était plutôt frais. Il glissait sur sa peau lactescente, provoquant de légers frissons sur l’épiderme de la démone à intervalles réguliers. Ce n’était pas désagréable. Surtout qu’une bonne partie de son anatomie était dénudée. La reine était effectivement pieds nus, comme à son habitude, et ne portait pour seul habit qu’une simple robe noire à manches courtes, qui descendait jusqu’au milieu de ses minces cuisses.

Faisant mouvoir ses longues jambes, elle traversa les ruines, croisant de temps en temps un individu ou un autre. Ses cheveux ondulaient légèrement, se soulevant de temps en temps lorsque le vent soufflait un tant soit peu plus fort. C’était vraiment une belle nuit, le ciel étoilé étant parfaitement dépourvu de nuages. Ivy raffolait vraiment des moments pareils. Le temps semblait comme arrêté. D’ailleurs, elle s’était arrêtée de bouger, observant les alentours, profitant pleinement du moment. Un calme indescriptible l’envahissait. Son esprit semblait comme apaisé, sa respiration était régulière et lente, son cœur battait parfaitement normalement.

Au bout de quelques minutes d’immobilité totale et absolue, la reine reprit sa route. Elle marcha durant de longues minutes, son sabre toujours dans sa main droite, arpentant les rues et les allées des ruines de leur ancienne cité. Puis, elle arriva à proximité de Roche-Sang. Ville souterraines des nocturnes. Y entrer était extrêmement difficile, mais pas impossible. Surtout pas pour elle. La reine des démons se savait capable d’un tel exploit. Mais en avait-elle envie ? La question flottait devant ses yeux. Et au bout que quelques instants, la réponse lui apparut. Oui, l’idée la tentant bien.

Prudemment, très prudemment, la reine se faufila au cœur de la ville. Il lui fallut plus de temps que ce qu’elle avait initialement évalué, mais elle finit par atteindre son but. Par contre, elle ne pouvait se promener dans les rues. Si elle était repérée, les ennuis risquaient de commencer. Et dieu seul sait qu’elle ne voulait pas d’ennuis. En tout cas, pas de trop sérieux. La reine continua donc son infiltration, arpentant l’ombre des bâtiments. Quelques minutes plus tard, elle était devant ce qui lui semblait être des thermes. De l’eau… oui, c’était tentant. Mais il fallait espérer qu’il n’y aurait pas trop de monde. Voire même personne. Ce qui était peu probable.

Dans un sourire, Ivy disparut, franchissant l’entrée. Rapidement, elle passa en revue les différentes salles de pierres. Il n’y en avait en réalité pas tant que cela, 4 pour être précis. Toujours absente à la vue que quiconque, la reine fut quelque peu surprise de ne croiser personne. Peut-être y avait-il un grand rassemblement ailleurs ? Elle n’en avait pas la moindre idée. Mais elle n’allait pas s’en plaindre, loin de la. Elle avait toujours bien aimé l’eau. Et la chaude la tentait par-dessus tout. C’est pourquoi elle ne se le fit pas dire deux fois et pénétra dans un des grands espaces vides et empli d’eau en leurs centres. C’était presque paradoxal. L’eau était chaude, donc chauffée, mais il n’y avait pas âme qui vive aux alentours. Étrange, mais pas le moins du monde dérangeant. Une autre idée vint à l’esprit de la reine. Peut-être que les nocturnes s’étaient rendu compte de sa présence et lui tendant une embuscade ? Peut-être, mais tant pis. Au moins, elle mourrait dans de l’eau délicieusement chaude.

Ivy s’avança donc, passant l’entrée, se retrouvant dans une salle faite de pierre, avec un grand bassin au milieu. C’était plutôt standard comme configuration. Alors qu’elle s’apprêtait à entrer le bout de son pied dans le liquide transparent devant elle, elle entendit un bruit. De verre brisé. Ah, tient, elle n’était plus seule. Néanmoins, elle ne bougea pas, se trouvant debout, à la verticale, les pieds au bord du bassin. Nuls doutes que la meilleure chose à faire à cet instant serait de se retourner, mais elle ne le fit pas.

Le début de soirée laissait augurer du meilleur. La nuit était jeune et la lune mi-pleine dans le ciel, l'air frais venait caresser le corps encore un peu alanguis d'Ulric qui venait tout juste de s'éveiller de sa torpeur diurne. Le vampire se trouvait pour une fois libéré de toutes obligations en cette nuit naissante et ce n'était pas pour lui déplaire, nul conseil des dignitaires de Roche sang, pas de délégations du peuples ni de diplomates, bref il avait ses quartiers libres et la chose était assez rare pour lui laisser un sourire de satisfaction aux lèvres, bonifiant du même coups son humeur de réveil.

Il se faufila hors de ses appartement suintant le luxe et le bon goût -pour qui appréciait le style baroque mâtiné de quelques œuvres d'arts aux goûts douteux tel une vierge de fer ayant servit quelques années dans un royaume quelconque- en prenant soin de ne pas croiser le chemin de ses esclaves ou encore de quelques gardes, tenant à conserver cette soirée sous le signe du calme et de l'anonymat le plus complet. Quel bonheur de pouvoir se frayer un passage dans la citée sans porter le pompeux titre d'Élu représentant le Nocturnes au conseil, retrouver le vie simple d'un buveur de sang parmi tant d'autres lui donnait l'impression de réellement couper avec ses devoirs et la pression que ses responsabilités faisaient peser sur lui, et c'était fortement appréciable... mieux même, c'était un plaisir qu'il ne pouvait que rechercher et apprécier !

Et voilà comment il se retrouvait maintenant aux portes des sources thermales de Roche-sang ! Haut lieu de la détente et du plaisir simple mais sans cesse renouvelé d'oublier ses soucis en se baignant dans une eau délicieusement chaude et d'y laisser se dissoudre les tensions du quotidien. Empressé de rejoindre les bains il se délesta de ses effets personnels sans prêter attention à l'absence de personnel des thermes puis rejoignit les bassins avec pour seul vêtement un pagne gracieusement fourni par l'établissement afin de conserver parmi leur clients un semblant de décence.
Plongeant pieds dans les eaux fumantes sous la clarté lunaire et quelque peu blafarde Ulric finit néanmoins par remarquer bien qu'en retard une silhouette étrangère et pour cause : féminine, fine et dotée d'une paire de corne impossible à rater cette personne n'était nulle autre qu'une démone !

Une démone ! Chez les Nocturnes ! C'était un peu aussi étrange que de voir un crocodile pousser la porte d'une maroquinerie ! Immédiatement le vampire se tint sur ses gardes et invoqua un sort de glace, créant autour de lui des volutes de givre qui tombèrent au sol dans un bruit cristallin d'explosion, rependant de la glace à terre. En même temps le membre du conseil des Nocturnes concentra ses pouvoir en sa main droite, y créant un pieu de glace aussi effilé que s'il avait été fait d'acier et tout aussi efficace que son homologue de métal.
Il ne tenait pas forcément à y empaler la frêle poitrine d'Ivy -qu'il n'avait pas encore reconnue d'ailleurs comme elle lui était de dos- mais ne voulait pas non plus paraître désarmé face à une représentante de ses ennemis les plus radicaux !

-Vous-là, retournez-vous et essayez donc de m'expliquer ce que vous faites ici alors que vos cornes vous présentent sans erreur possible comme une ennemie héréditaire de mon peuple !

Sa voix était à peu de choses prêt aussi glaciale que le pic translucide entre ses mains, et au moins aussi chargée d'autorité que le pieux était effilé. Il se tenait de plus sur le qui-vive, prêt à jouer de sa vitesse vampirique pour parer à une éventuelle fuite, ou à incanter derechef si jamais la démone se mettait en tête de l'attaquer au lieu de sagement lui obtempérer...

Un léger mais notable rafraichissement de la température ambiante se fit sentir. Ajoutant cela au bruit, la démone se permit de faire une déduction, qu’elle ne pensait pas réellement audacieuse. De la glace. De la glace ? Était-ce vraiment possible ? Techniquement parlant, la réponse était un grand et magistral oui. L’eau n’était absolument pas l’élément manquant. Et c’était le principal nécessaire à la création de glace. Oui, son raisonnement se tenait. Mais pour avoir confirmation à ses pensées, elle devrait changer la position actuelle de son corps. Éventuellement en effectuant une rotation de 180 degré. Mais alors que la démone était proche de l’exécution de ce simple mouvement, une voix se fit entendre.

-Vous-là, retournez-vous et essayez donc de m'expliquer ce que vous faites ici alors que vos cornes vous présentent sans erreur possible comme une ennemie héréditaire de mon peuple !

Dommage. Ce charmant discours n’était pas vraiment avenant, sympathique, engageant, accommodant, accueillant, ou peu importait le terme utilisé. Le ton était tranchant, impérieux. Sa présence ici lui était clairement reprochée. Ce qui, en soit, n’était pas tant étonnant, au vu de l’endroit où elle se trouvait. La ville des nocturnes, roche-sang, un presque parfait synonyme de mort pour quelqu’un comme elle.

Les secondes passaient, Ivy était toujours silencieuse et immobiles. Puis, elle se décida à répondre. Pas à obtempérer, non, elle n’avait aucunement l’intention de se retourner. Du moins pour le moment. Par contre, donner une réponse, ça, elle en était capable. Mais de toutes les reparties qui apparaissaient devant ses yeux, aucunes ne plairaient à l’inconnu quelques mètre derrière son dos. Toutes étaient insolentes et cyniques, donc moyennement appréciable. Mais peu importait. La démone n’avait absolument pas l’intention de se montrer coopérative, ni aimable d’ailleurs. On venait de lui donner un ordre, autant dire qu’elle en avait horreur. Ses lèvres se séparèrent légèrement, les mots effectuant des mouvements sinueux dans sa gorge pour finalement venir agripper les bords de sa bouche et se glisser au dehors, avec un plaisir non dissimulé.

-Je suis juste venue vous informer que la sécurité de votre très accueillante cité laisse sérieusement à désirer… Peut-être souhaiteriez-vous quelques conseils ?

L’ironie de son ton était-elle relevable ? Cela ne faisait aucun doute. Même un sourd aurait put déceler à quel point sa manière de s’exprimer à ce stade de la conversation n’était que raillerie. Une fois ses paroles prononcées, la reine se retourna, ses pieds glissants sur la pierre, un sourire presque éblouissant sur ses lèvres. À quelques pas de sa personne se trouvait un homme, un vampire, primitivement vêtu. Il fallait avouer qu’il ne manquait pas de charme. Seul bémol à cette charmante apparition, il était entouré de glace et tenait dans la paume de sa main un petit quelque chose qui paraissait passablement abimant, si pas même meurtrissant.

La reine analysa la situation rapidement. Si des autres nocturnes pointaient le bout de leur nez ou museau, la situation avait de fortes chances de ne pas être à son avantage. Elle avait peut-être l’avantage d’être la reine de son peuple, mais elle avait le très fâcheux désavantage d’être au milieu de la ville de charmants ennemis, avec lesquels la paix n’était pas vraiment sur le point d’être signée. Si du sang venait à être versé, nuls doutes que la quantité de précieux liquide vital qui emplissait ses veines en prendrait un sacré coup. Conclusion, soit les deux partis confrontés ici dans l’enceinte des thermes parvenaient à trouver un arrangement sans des millions d’effluves de sang, soit elle le tuait rapidement. Ce qui risquait de ne pas être si facile que cela, il émanait de lui une force et une puissance certaine. Âgé?

-Je crains que nous ne soyons vous et moi, et je le regrette sincèrement, dans une situation disons… quelque peu problématique.

Un petit sourire apparut sur ses lèvres, un sourire qui tendait sérieusement vers la provocation.

-A moins que mon explication ne vous ait convaincu ?

Inutile de préciser que le sabre d’Ivy avait, entre temps, passé rapidement dans sa main droite, ses doigts enserrant fermement la partie cylindrique prévue à cet effet. La démone était sur ses gardes, son attention entièrement focalisée sur le vampire. Le personnage lui disait quelque chose. Il éveillait quelque chose dans sa mémoire. Mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt ni sur le moment, ni sur la raison, ni encore sur la personne qui avait évoqué une personne comme lui.

[ Très sincèrement désolé du temps mis à vous répondre douce amie ^^' ]

Ulric ne se laissa pas berner si facilement par le ton polis de la démone. Il se méfiait de ceux de leur race et savait que la taille ou la carrure ne signifiait que peu de choses sur leurs capacité parmi les être de leur type et que sous son apparence fragile Ivy pouvait cacher des pouvoirs inversement proportionnel à son allure délicate. Ce n'est que grâce à ça et à la sagesse du Vampire que cette dernière n'avait pas déjà le dos décoré d'un pal de glace la traversant de part en part en travers du cœur, car le membre du conseil des Nocturne ne voulait pas risquer un assaut frontal de façon trop précipitée, ne tenant pas à avoir par la suite de mauvaises surprises.
Par contre les réponses de la reine ne le satisfaisaient pas le moins du monde, et si cette dernière cherchait à détendre la situation elle ne faisait pour l'instant que de rajouter de l'huile sur le feu en se montrant aussi peu coopérative.

-Ce n'est pas le moment et l'endroit de plaisanter ! Nous sommes ennemis et vous venez m'annoncer les déficiences de ma garde ?!? Me prenez-vous pour un imbécile ?!? Je vais vous en donner moi, un conseil, tournez-vous et n'essayez pas de vous échapper où vous serez une démone morte dans la seconde !

À pas prudents il commença à se rapprocher, dirigeant des langues de glace encercler la démone au bord du bassin comme pour lui couper la route de part un sol gelé d'une épaisse couche de verglas.
Néanmoins le calme et le coté ironique de la frêle créature pourtant dans une posture bien délicate de son propre aveux intriguait Ulric. Qui pouvait-elle être pour ainsi l'ignorer à moitié et faire fit de ses somations sous une apparente amabilité ? Se pensait-elle intouchable ou si puissante qu'elle n'ait à craindre pour sa vie alors qu'à des lieux à la ronde tout un peuple serait ravis de l'écharper ?
Peut-être qu'en lui précisant l'importance de la situation ou elle se trouvait comprendrait-elle en quel guêpier elle se trouvait et ô combien le vampire était en position de force envers elle. Et cela lui ferait perdre un peu de sa superbe, assez pour qu'elle cesse sa comédie de passivité face aux dangers.

-Maintenant que vous reconnaissez être fichue retournez vous pour me faire face, et n'essayez rien de fâcheux, je suis Ulric Aenarion ; membre permanent du conseil des Nocturnes ; et si j'ai les capacités de diriger Roche-sang j'ai également celles de vous achever ici et maintenant si vous n'obtempérez pas croyez le bien !

Plus le temps passait plus la température baissait désormais, pour le vampire sans chaleur corporelle cela ne signifiait rien mais pour celle lui exposant ainsi ses fesses finement dessinées...

-Rendez-vous à moi et je vous jure en tant que dirigeant de mon peuple que je veillerait à vous restituer aux votre saine et sauve contre quelques valeurs digne d'une prisonnière démoniaque, les Nocturnes n'ont pas coutume d'achever ceux qui se rendent ni de les torturer si cela peut vous aider à renoncer à me défier !

Ses mots se faisaient toujours aussi hauts et clairs mais plus calmes, il lui proposait de se constituer prisonnière sans effusion de sang et d'être échangée contre rançon ce qui était plutôt généreux de sa part, plus que de la laisser mourir ici pour avoir pénétré les limites de la ville et espionné, sans doutes et de l'avis d'Ulric qui ne voyait que cette raison à sa présence, les Nocturnes et leur cité.

[Mon pardon vous est gracieusement accordé =)]


Détendre l’atmosphère ? C’était bien loin d’être son intention. Et diable qu’elle adorait ajouter une bonne dose d’huile sur un feu déjà très consistant. Il fallait tout de même remarquer que dans la situation présente, une réponse censée et sérieuse aurait peut-être été préférable. Mais la démone n’était pas réputée pour être raisonnable. Mais sa phrase, bien que particulièrement osée, eut l’effet espéré. Le vampire ne perdit pas de temps en réponse, lui signalant que ce n’était pas vraiment le moment de plaisanter. Non, effectivement, ce n’était ni l’endroit ni le moment d’envoyer des plaisanteries et provocations à tout va. En tout les cas, une personne un minimum sensée ne l’aurait pas fait. Mais à nouveau, depuis quand était elle une personne sensée ?

Ulric Aenarion. C’était donc ça. Le nom qu’il lui donnait lui permettait enfin de faire le lien. Elle ne savait que trop bien qui il était, en tout cas de nom. La réputation du vampire n’était plus à faire parmi les démons. Il était particulièrement fort, ce n’était un secret pour personne. Alors comme ça, un membre du conseil et la reine du clan opposé se retrouvait confronté, en face l’un de l’autre ? La perte de l’un comme de l’autre serait passablement embêtant, pour le peuple nocturne, tout comme pour le peuple démon.

Mais il lui proposait une sorte de marché. Il lui promettait la vie sauve et son retour parmi les siens, en guise de quelques dédommagements. Un sourire prit instantanément possession des lèvres d’Ivy. La bonne blague. Elle n’était pas intouchable, loin de la au vu de la situation, mais pour rien au monde elle ne se rendrait gentiment. Et puis quoi encore ? Il n’y avait strictement pas la moindre chance qu’elle n’abandonne la et accepte les conditions de se misérable marché. Car même dans une situation désespérée, elle ne se rendrait pas. Sa fierté l’en empêchait et l’en empêcherait. Mais de toute façon, s’ils devaient en venir à devoir faire usage de leur force respective, la reine savait que la situation n’était pas désespérée. Elle n’était pas une quelconque démone de bas étage, ni de haut rang, d’ailleurs.

Pendant que le vampire parlait, la température chutait, c’était particulièrement notable. Et le froid, Ivy n’aimait pas ça. Du tout. Avant de tenter une quelconque réponse, elle jeta un regard sur les alentours, parcourant de son regard vert éclatant les formes translucide et étincelantes de la glace d’Ulric. C’était peut-être froid et en ceci cela ne lui plaisait pas, mais ça avait au moins le mérite d’être beau.

-Me rendre ? Et vous espérez sérieusement que je vais répondre oui ?

Elle aussi s’était approchée, faisant toujours bien attention à la glace qui l’entourait. Son visage était maintenant en face de celui du vampire, ses yeux verts le dévisageant, un petit sourire insolent sur ses lèvres. Levant sa main qui ne portait pas son sabre à la hauteur de son visage, Ivy fit apparaître une flamme rouge sang du milieu de sa paume, puis tourna et retourna sa main, de sorte que le feu lui lèche les doigts. Certes, elle ne maîtrisait pas cet élément comme le vampire maîtrisait la glace. Mais peu importait.

-Hmm… j’ai comme l’impression que nous sommes définitivement faits l'un pour l'autre!

Une moue déçue apparut sur son visage, moue qui se transforma rapidement en amusement.

-Oh ! Malpolie que je suis, je ne me suis même pas présentée. Toutes mes excuses. Ivy Caïn, souveraine du peuple des démons. Peut-être comprendrez vous maintenant mieux mes… réticences, diront nous, à me rendre.

Ses yeux étaient toujours fixés sur le visage qu'elle avait non loin d'elle. Sa peau commençait à frissonner, le froid environnant commençant à se faire gentiment sentir. Ses doigts se resserrèrent encore un peu plus autour de son sabre, ses mains commençant à se faire de plus en plus chaudes, inversement au reste de son corps, surtout ses pieds nus.

[je me doutais bien (et espérais surtout) qu'une personne aussi gracieuse me pardonnerais gracieusement, justement ^^' ]

Quant elle daigna enfin lui faire face ce fut un choc pour Ulric, non pas esthétique bien que la demoiselle puisse se vanter de posséder un corps aussi fin que splendide et des yeux verts impossibles dans un visage aussi juvénile que charmant mais bel un bien un choc de révélation quant il reconnu en elle la reine des démons avant qu'elle ne se donne la peine de se présenter de vive-voix pour confirmer ce qu'il avait déjà comprit.

Ainsi la dirigeant des démons lui faisait face ?!? Comme elle le faisait si bien remarquer ils étaient ironiquement complémentaires, ou opposés selon le point de vue... elle semblait manipuler le feu et lui la glace, elle était démone et lui vampire, elle était d'apparence fragile et lui athlétique, elle était femme et lui homme... une sorte de yin et de yang se faisant face, armes aux poings et prêt à en découdre si l'opposant faisait le geste de trop déclenchant les hostilité, sauf que jusqu'à présent aucun des deux ne semblait assez irréfléchi pour briser la trêve tacite qui demeurait encore malgré l'atmosphère tendue en ces sources thermales.

-Oui j'espérais que vous vous rendriez sans devoir me pousser à me montrer discourtois... faire violence envers la reine des démons n'arrangerait pas nos affaires, ni pour vous ni pour moi et mon peuple !

Que l'un un l'autre ne succombe à quelques blessures et la guerre éclaterait c'était une évidence. Et fort heureusement pour eux deux Ulric faisait parti de ceux parmi le conseil des nocturnes aux volontés modérées et qui prônaient sinon la paix au moins une trêve avec les démons. Cela étant il n'en demeurait pas moins que la présence d'Ivy en ses terres était une violation pure et simple du territoire Nocturne et que le vampire ne pouvait pas laisser passer cela aussi facilement !

-Enfin il n'en est pas moins que reine des démons ou pas vous n'aviez rien à faire ici, vous avez fauté et troublé l'ordre de Roche-sang, je vous demande de lâcher son sabre et de me le remettre en échange de quoi je vous donne ma parole de vous renvoyer saine et sauve hors de nos frontières... je ne peux faire mieux et si vous refusez encore il nous faudra nous entretuer à mon grand regret !

Elle était maintenant assez proche pour venir troubler l'assurance d'Ulric en le défiant du regard malgré sa nudité mais également pour mieux ressentir la température glaciale qui entourait le buveur de sang. L'eau à peurs pieds gelait maintenant complétement et sur le corps glabre du vampire de fines couches de glace venaient apparaitre et s'épaissir pour former des protections, preuve qu'il en fallait encore que ce dernier était prêt à lutter férocement contre la cornue et ce de toutes ses forces, matérialisées maintenant par deux fins pals de glace venant prendre naissance à la continuité de chacune de ses mains.

-Dès lors le choix vous reviens, ou vous me dites ce que vous veniez faire en des terres hostile à votre race et me remettez votre lame ou je vous mets hors d'état de faire quoi que ce soit mis à part vous laisser dominée par ma personne le temps de vous renvoyer chez vous sous bonne escorte et de façon à m'assurer que vos conseillers voient le retour de leur reine sous le jour le moins prestigieux !

Il en avait assez de devoir faire face à l'ironie et au cynisme, après tout il était chez lui et dans son droit et Ivy avait peut-être l'habitude d'être traitée en reine ici elle n'était qu'une ennemie commune sans noblesse ni titre ! qu'elle plie ou se prépare à faire face aux conséquences de ses choix et de ses actes !

Son corps se refroidissait rapidement, mais la démone ne prenait pas se paramètre en considération. Elle pouvait faire abstraction du froid. Son corps le ressentait peut-être, mais son esprit était capable de le mettre de côté. En tout cas pour l’instant. Jamais elle ne s’était retrouvée confrontée à des températures terriblement négative, elle ne savait donc pas ce qu’il adviendrait d’elle si l’atmosphère environnant descendait encore d’une certaine quantité de degré. Mais en tout cas, pour l’instant, elle pouvait gérer. Ses pieds étaient rougis, ses cheveux commençaient gentiment à se durcir, mais peu lui importait. Le froid n’était qu’une sensation. Et dans les limites du raisonnable, en faire abstraction était tout à fait possible.

L’ironie dont elle faisait preuve en alignant les mots ne semblait pas plaire du tout au représentant de la race vampire. Hmm. Ivy avait toujours trouvé que les nocturnes manquaient cruellement de sens de l’humour. La preuve était faite que ses constatations n’étaient pas sans fondement. Mais bon, l’humour n’était pas le principal sujet de la querelle qui opposait à cet instant les deux personnages. Il lui soulignait encore et encore qu’elle n’était pas ici à sa place. Sans blague. Elle n’avait effectivement rien à faire la et le savait pertinemment.

La partie sur le fait qu’il lui demande de lui remettre son sabre effaça son sourire de manière instantanée. Son sabre ? Aucune chance. Déjà à la base, il n’y avait pas grandes chances qu’elle se rende sans faire d’histoire. Mais si en plus le prix en était sa lame, alors les chances basculaient en dessous de zéro. Jamais au grand jamais elle n’abandonnerait sa lame, qui avait une valeur symbolique incommensurable, dans le seul but de se retrouver à nouveau dans ses contrées, sans qu’il y ait de blessés, ou de morts.

Par contre, la partie sur ses soi-disant conseillers raviva l’étirement de ses lèvres.

-Oh, mais ce serait leur faire un plaisir immense que de me ramener dans un état pour le moins dénigrant. Je vous promets qu’il vous serait infiniment reconnaissant.

Ses paroles étaient sincères. Malheureusement, elle ne savait que trop bien l’intention de ses ministres, qui voulaient gouverner à sa place. Ce que d’ailleurs, ils faisaient déjà passablement beaucoup. Mais sans eux, la reine savait qu’elle n’arriverait pas à prendre de décisions. Ils la manipulaient quelque peu, mais elle en avait besoin.

-Bon, soyons sérieux, et réalistes, un instant. Vous voulez connaître les raisons de mon intrusion ici bas ? Vous allez être déçu. C’était par simple amusement. Afin de chasser l’ennui qui me tiraillait en cette splendide nuit. Venir vous espionnez puis échafauder un plan méticuleux dans le but de tous vous anéantir ? Très peu pour moi. Et si cela avait été mon intention, j’aurais envoyé quelqu’un d’autre le faire.

À nouveau, son sourire avait disparu. Son expression était froide, aussi glaciale que les piques de glaces entre les mains du vampire. Ses yeux, eux, étaient toujours aussi provocateurs. La démone fit encore un pas, ses globes oculaires fixant sans peur et sans gêne ceux de son interlocuteur. Il était beaucoup trop sur de lui, au goût d’Ivy. Les démons étaient connus pour être hautains. Mais alors que dire des vampires ? De plus, il la traitait comme si elle n’était rien, ce dont elle avait particulièrement horreur. Le vampire qu’elle avait en face d’elle était tout à fait charmant, très attirant même. Néanmoins, ce n’était absolument pas cela qui allait l’empêcher de bien gentiment lui couper la gorge s’il continuait ainsi. Elle était la personne en tort, c’était clair, même pour elle. Mais la façon dont il la qualifiait l’énervait au possible.

-Me mettre hors d’était de faire quoi que ce soit ? Vous semblez bien sur de vous, Monsieur Aenarion. À votre place, je ne serais pas si sur de ressortir indemne, et surtout vainqueur, d’une quelconque bataille qui pourrait éclater entre vous et moi.

Tout en parlant, elle soutenait son regard, décidée à ne flancher sous aucuns prétextes. Et pourtant, il y avait en ce vampire quelque chose de déstabilisant. Ses doigts son sabre était dans sa main, ses doigts fermement accroché autour de l’endroit prévu à cet effet.

-Néanmoins, nous sommes d’accord sur le fait qu’un combat entre nous serait sûrement fatal pour l’un ou l’autre, et bénéfique en rien pour nos peuples. Vous me proposez de me laisser retourner auprès des miens en tant que capture et en contrepartie de mon sabre. Je refuse catégoriquement. Par contre, je peux vous proposez autre chose. Vous me laissez repartir par le même chemin que j’ai emprunté à l’aller.

En rester la ne la tentait pas plus que cela. Mais elle savait que faire éclater la guerre ouvertement entre les nocturnes et les démons n’était vraiment pas une bonne idée. Certains le prônaient, pas elle. Et le meurtre de l’une ou l’autre personne présente ici serait un superbe élément déclencheur.

La tension demeurait entre eux mais avait maintenant tendance à s'effacer lentement au profit d'une méfiance mutuelle tout aussi pesante mais bien moins dangereuse. Ulric n'en était pas à point ce cesser ses démonstrations glaciales, destinées d'ailleurs à le protéger plus qu'à impressionner la reine des démons, mais commençait à croire qu'il sortiraient tout les deux de cette rencontre sans que le sang ne doive obligatoirement couler.
Pour autant il n'était toujours pas le moment de baisser sa garde et le Vampire resta stoïque devant les réactions de la cornue, s'efforçant d'ignorer les paroles au peu ironiques d'Ivy pour se concentrer sur son coté compréhensif et ses explications quant à se présence ici. Soit elle se moquait de lui et voulait réellement le pousser à l'attaquer en lui sortant une histoire aussi ridicule soit elle disait vrai et pêchait pas confiance et par bêtise de croire que le moyen de se divertir serait de venir parmi un peuple belliqueux à son encontre. Son royaume etait-il si pauvre en divertissements pour qu'elle doive venir ici risquer sa gorge pour trouver quelques intérêts à vivre ?!?

-Vous risquez votre vie souvent quant l'ennui vous étreint ?!? Enfin, je n'ai d'autre solutions que vous croire sur parole, et quant à être sur de moi... je suis face à un seul démon, certe armé mais il me suffit d'un cris pour avoir toute la population alentour à mon aide, et même si je n'arrive pas à vous occire seul ne me pensez pas assez faible pour ne pas pouvoir vous tenir en respect le temps que plusieurs alliés n'arrivent à mon aide, vous n'espérez pas que je sois venu sans gardes du corps tout de même ?

Il sourit avec cynisme à son tour, ce n'était qu'un mensonge car il était venu seul mais ça Ivy ne pouvait pas le savoir, et même ainsi les gens des sources chaudes sauraient fort bien occuper Ivy le temps qu'il ne perce sa garde et ne la neutralise, il n'avait pas besoin de beaucoup pour créer une opportunité, il était plus rapide qu'elle assurément et si elel devait repousser un assaut de simple larbins lui aurait alors tout le temps de la déchiqueter dans les crocs de sa glace si elle devait détourner son sabre et ses flammes de lui une seconde à peine.
Et en songeant à cette lame qu'elle tenait il sentit qu'elle c'était méprise sur ses paroles, ou qu'il n'avait pas été assez clair. Il ne voulait pas lui voler cette arme mais juste la lui enlever des mains le temps qu'elle serait sur ses terres et a lui rendre alors en preuve de leur bonne fois respective. Après tout c'était à elle d'accepter ses conditions puisqu'elle avait envahit SES terres.

-Je crois deviner qu'il y a méprise, que ferais-je de votre arme ? J'en ai déjà une dans ma demeure et elle me va très bien sans que je songe à dérober la votre, non, je ne vous demande que de ma le remettre le temps de votre passage ici, en guise de confiance puisque c'est de cela qu'il va devoir s'agir entre nous, vous ne m'attaquerez pas et me remettez votre lame pour vous le prouver et quant à moi je vous laisse en vie et partir sous ma protection jusqu'à sortir de nos frontières où je vous rendrais votre épée. Cela me semble la seule façon de faire respectant un tant soit peu le protocole.

Il se recula alors et cessa de couvrir son corps de glace, libérant meêm ses bras des deux pals qu'il y avait créer pour tendre sa main vers elle, rendant aux sources une température plus douce bien qu'encore fortement fraiche.

-Allons donnez-moi cette arme et je vous la rend dans un de mes blocs de glace si le fait que je la garde sur moi vous dérange, ça me suffira à vous croire réellement décidée à ne pas m'attaquer. Faites le premier pas vers une solution pacifique s'il vous plait, je ne veux pas devoir continuer à supporter le poids de cette situation tendue j'étais venu là pour me détendre à la base, tout comme vous je suppose ?

Il lui fit son sourire le plus franc et charmeur pour couper court à son attitude sévère qu'il avait rivée au visage jusqu'à maintenant, il espérait sincèrement qu'elle allait accepter, sans quoi il se tenait tout aussi prêt à fondre sur elle si le besoin devenait vital de ce faire.

Les paroles que lui sortait le vampire commençaient à sérieusement énerver la reine. Pourquoi ? Eh bien parce qu’elles brillaient par leur véracité. Elle était parfaitement au courant qu’un simple mot de son vis-à-vis et une foule d’individu moyennement amicaux surgiraient, la mettant dans une situation pour le moins désagréable. Elle en était parfaitement consciente, mais n’allait pas l’avouer ouvertement. Ce que le vampire ne se gêna pas de faire. Elle était dans une situation sur laquelle elle n’avait pas le contrôle. En tout cas pas totalement. Et ne pas avoir un contrôle absolu, elle n’aimait pas ça. Elle n’aimait pas ça du tout. Sans doute parce qu’en tant que reine, elle avait l’habitude qu’on lui obéisse sans rechigner et qu’elle soit maîtresse de la plupart des situations. Mais le problème était bien la. La plupart des situations ne signifiait pas, et de loin pas, toutes les situations. Le vampire avant mentionné des gardes du corps… elle ne parvenait pas à déceler si présence de garde il y avait ou non. Mais il fallait dire que ses sens étaient quelques peu perturbés en cet endroit. Conclusion, elle n’avait aucun moyen de vérifier s’il disait vrai ou non. Tant pis, dans le doute, autant prendre la pire des situations. Elle partirait donc du principe qu’il était venu accompagné, même si le doute subsistait dans son esprit.

-Oh non, loin de moi l’idée de vous penser faible. Je ne doute nullement de vos capacités à m’occuper un laps de temps respectable. Mais ne venez pas non plus à me sous-estimer. Gardes ou non, aide extérieur ou non, si nous devions nous affronter, je peux aisément vous promettre que vous n’en ressortiriez pas indemne, loin de la.

Alors, une fois ses paroles prononcées, la démone recentra son attention sur la première partie du discours du vampire. Une question, quant à savoir si l’envie la prenait souvent de risquer sa vie dans le simple but d’obtenir une distraction. Qu’elle sorte et vagabonde dans sur la terre, ça n’était pas rare et c’était même très fréquent. Elle visitait sans cesse de nouveau endroits, pour s’occuper, pour faire de nouvelles rencontres. Mais se mettre dans la situation dans laquelle elle était à cet instant, non, c’était rare. Et, elle s’en rendait bien compte, c’était plutôt stupide.

-Les divertissements de mon royaumes sont certes très plaisants, mais toujours un peu répétitifs. Je trouve un peu lassant de toujours se satisfaire, de s’amuser, de la même manière. La diversité, l’aventure, voilà ce que j’aime. Mais je vous avoue que m’aventurer aussi loin dans l’antre de l’ennemi, c’est une première. Mais je ne le regrette pas. J’ai comme habitude de suivre mes envies au moment même ou elles me prennent, même si elles sont parfois un peu… suicidaires. Vous me trouvez stupide ? Folle ? Je ne peux que vous donner raison. Mais je crois que je ne serais pas reine démoniaque si je n’avais pas un peu des deux en moi.

Une méprise ? Apparemment, oui. Eh bien autant pour elle. La vérité des faits rétablis lui plaisait beaucoup plus. Enfin, cela ne lui plaisait toujours pas, mais c’était tout de même mieux. Un peu. Enfin bref. Son cerveau tournait et retournait le problème. Jusqu’à ce qu’elle prenne une décision. Sa fierté irait donc se ranger dans un coin de son esprit pendant quelques temps. Elle avait fait preuve d’une inconscience sans bornes, autant assumer un minimum les conséquences. Et puis… sans son sabre, elle pouvait toujours se battre, à peu près correctement. Au cas où.

Ses yeux se baissèrent quelques secondes, son bras tenant son sabre remontant lentement le long de son corps. Puis, son visage se redressa et elle afficha sur ses lèvres un sourire, les lèvres closes. Elle mit en équilibre sa lame sur un doigt, à l’horizontal devant elle, son bras mi-tendu, le tranchant métallique posé sur la peau de son doigt. Une flamme brûlait toujours dans la paume de sa main, Ivy l'éteint en un clin d'œil. Il avait calmé sa glace, elle pouvait en faire de même.

-S’il lui arrive quoi que ce soit, je ne réponds plus de rien. Mais très bien. Gardez-la donc, déclencher une guerre ne me tente pas. Je préfère vous accordez un minimum de confiance. Surtout que je trouverais dommage de ne pas pouvoir profiter, ne serait-ce qu’un instant, du plaisir accordé par ce charmant liquide chaud à quelques centimètres de moi.

Un nouveau sourire déchira ses lèvres, sincère, beaucoup moins provoquant, mais tout autant charmant que celui du vampire était charmeur.

-Ai-je l’autorisation de tester ces thermes, ne serait-ce qu’un laps de temps très court ? Au moins pour que je puisse valider leur fameuse réputation. Oh, et puis, au point ou j'en suis, je tenais à vous dire que j'ai toujours beaucoup aimé la glace. Elle est d'une beauté sans pareille. Mais elle et moi ne sommes pas tellement compatible, à mon plus grand regret.

Le soulagement qui traversa le vampire était visible, presque palpable. Il avait tellement craint déclencher un incident diplomatique en ces thermes qu'il ne prêtait plus guère attention ni au lieu ni aux tenues qui le voyait s'opposer à la jolie reine démoniaque. Complétement obnubilé par la dangerosité de la situation il n'en apprécia que mieux le dénouement quant enfin ils furent capable de parler d'égal à égal et sur la même longueur d'ondes.
Méfiant tout de même quant au tranchant du fameux sabre qu'Ivy lui tendait il prit soin d'enfermer la lame dans un gangue de glace avant de le manipuler et de le laisser à quelques distances sur la rive, loin de sa manieuse ou du moins assez pour qu'elle ne puisse le récupérer si jamais il lui venait l'idée d'abuser la confiance du buveur de sang. Non pas qu'il estime la monarque indigne de confiance mais il préférait assurer ses arrières, dans le pire des cas possible... juste pour ne pas avoir parlementé aussi âprement pour finalement se montrer trop laxiste ce qui n'aurait, du coup, rimé à rien.

-Je prendrais soin de votre arme comme d'une escorte officielle qui vous accompagnerait ici.

Il créa un petit support glacé pour y déposer l'arme dans son fourreau cristallin improvisé.

Quant à profiter de ces sources... ma fois... vous me déstabilisez un peu je dois l'avouer j'aurais plutôt pensé vous faire rentrer chez vous illico mais... je serais un hôte exécrable de ne pas vous laisser profiter de mon hospitalité et de la chaleur de ces sources que vous semblez si pressée de goûter.

Il n'osait pas la forcer à sortir immédiatement des sources, il avait déjà obtenu qu'elle lui confie son épée et sa sécurité future tant qu'elle demeurerait en ses terres il n'allait pas non plus la traiter comme une moins que rien et la priver de tout privilèges ! Après tout elle n'était pas une basique ambassadrice mais une invitée de haut rang, de fine noblesse même aussi tendues soient les relations avec les démons !

-Par contre je vais devoir vous imposer ma présence, déjà car je tenais à me détendre ici avant de devoir vous vilipender de votre visite, et de plus car je suis maintenant le garant de votre santé tant que vous serez ici. Je vous invite donc à vous plonger dans l'eau avant que la pudeur de soit offensée par ce que les vapeurs des thermes ne cachent pas de vos courbes.

Puis il fit un geste vague de la main, semblant balayer les mots de la reine comme si ces derniers flottaient autour de lui sans l'atteindre alors qu'il allait lui-aussi se rasseoir dans les bains pour recouvrir d'eau sa pudeur virile.

-Le glace est belle mais ne m'aide pas à réchauffer mon corps glacé je vous l'assure, en tant que vampire j'eus préféré les flammes assurément mais bon, à chacun ses dons et il n'est guère utile d'être envieux des autres il faut se contenter de ce que l'on a soi-même ou sinon compter sur quelques "échanges" ou "aides" si l'on veut voir les effets de tels ou tels dons...

Un long soupire de bien être mit soudainement fin à cette assommante tirade.

-...enfin fou ou glace rien ne remplace là dedans un massage dans une eau chaude, voilà ce qu'il manque le plus en nos thermes chère reine en visite, des masseurs et masseuses je crains qu'il n'y ai pénurie je viens de m'en rendre compte, et dieu sait qu'avec ce que vous m'avez tendu il m'en faudrait une armada pour décontracter mes nerfs !

Plus badin, plus joueur, Ulric se retrouvait enfin, tranquille et usant usant de la parole non comme d'une arme ni d'une menace mais comme d'un jeu destiné à canaliser ses tensions nerveuses mises à mal tout le jour durant lors de ses travaux de dirigeant.

-Et vous ? Avez-vous des thermes dans votre capitale ? Et avec ou sans personnel de massage ? Racontez moi comme je doute d'y mettre jamais les pieds, n'ayant pas vos cotés "suicidaires"...

Ivy ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine réticence à l’idée qu’on lui enlève son bien le plus précieux. Néanmoins, elle mit de côté ce sentiment, en tout les cas momentanément, et laissa aux bons soins du vampire son sabre argenté. D’un œil attentif, elle observa la suite des événements, suivants sans ciller le parcours qu’empruntait son bien. Comme promis, le vampire se chargea de déplacer son arme avec un soin et une délicatesse parfaite, qu’elle ne pouvait qu’apprécier. Normalement, la glace ne devrait pas être capable d’abîmer la lame, heureusement. Peu de choses seraient d’ailleurs capables d’endommager son sabre. Ce dernier était un peu spécial.

Quant à son interrogation à propos de l’utilisation du terrain alentours, il répondit positivement, non sans préciser une certaine déstabilisation à la suite de sa question. Toutefois, sa réponse fut positive et c’était bien ce qui importait. Il lui dit ensuite devoir imposer sa présence. Cela ne la dérangeait pas le moins du monde et il aurait même été très mal venu de sa part de protester. Il y avait tout de même des limites à ne pas franchir. Et même si la reine était passée maître dans l’art de dépasser, toute matières et circonstances confondues, les barrières qu’on lui imposait, elle savait montrer un minimum de raison suivi d’un soupçon de bon sens.

-Votre sens de l’hospitalité est tout à votre honneur. Je ne peux que me montrer honorée de la manière dont vous me traitez et, je ne suis pas sure que cela soit de circonstances mais peu importe je le fais quand même, je vous en remercie. Quant au fait que vous soyez obligé de m’imposer votre présence…

Ivy laissa sa phrase en suspend, tandis que dans un geste, sa robe noire qu’elle avait toujours sur elle glissait à terre. Usant de gestes précis et calculés, ses jambes blêmes glissèrent au travers du liquide cristallin et brûlant, suivit du reste de son corps. C’était fameux. La sensation était peu être accentuée suite au froid transcendant qui était apparut il y avait de cela quelques minutes. En tout les cas, l’eau chaude semblait parcourir la peau de la démone telle des serpents aux écailles exquises. Une fois à l’intérieur, son corps immergé, Ivy prit la peine de continuer les mots qu’elle avait laissés en suspens quelques secondes auparavant.

-J’estime que même si l’optique de vous voir m’infliger votre présence m’avait été désagréable, il aurait été fort malvenu de ma part de vous faire partager mon avis sur la question. Néanmoins, et croyez le bien c’est la vérité, ce n’est pas le cas, j’accepte votre présence imposée sans soucis. Mais vous ne me posiez par réellement la question, je vous prie donc de bien vouloir pardonner l’audace de mes propos.

Sa dernière phrase fut ponctuée d’un petit sourire amusé, ses yeux se promenant le long des parois environnantes pour finalement, encore, et toujours, revenir sur son charmant interlocuteur. La situation avait perdue de sa tension et c’était pour le mieux. Il aurait suffit qu’une seule petite chose se passe de travers pour que les tensions régnant entre les démons et les nocturnes n’explosent. Et ceci n’aurait été bénéfique, positif, ni même anodin pour aucune des deux races. Et c’était la raison principale qui avait amené la reine à écarter ses doigts délicats de son arme. Et ce, même si sa fierté s’en était vue quelque peu entaillée. Mais bon. Un dirigeant doit savoir faire des sacrifices pour son peuple. Et laisser son égo se faire blesser n’en était pas un terriblement important. Mais tandis qu’il lui contait le manquement appartenant à ces thermes et que ses oreilles laissaient entrer les sons pour qu’ensuite son cerveau fusse à même de les analyser, Ivy avait entreprit d’ôter l’une des nombreuses bagues qui ornaient la base de ses doigts. Une multitude de bijoux pendaient autour de son cou ainsi qu’entourant ses doigts. Mais la bague qu’elle venait d’enlever était la plus précieuse et elle ne souhaitait absolument pas que l’eau ne vienne la détériorer. C’est pourquoi, dans un geste vif et adroit, elle envoya valser le bijou à la pierre noire et immense jusqu’à ce qu’il se dépose sur son sabre.

Ensuite seulement, elle répondit aux paroles qui arrivaient jusqu’à son être.

-Malheureusement, nous, démons, n’avons pas le plaisir de jouir de la chaleur délicieuse de thermes chez nous. J’imagine qu’il est inutile de vous préciser que notre belle cité d’autrefois est maintenant en miette. Mais, donc, cette cité maintenant détruite, contenait des bains similaires à ceux-ci, du moins c’est ce que l’on m’a raconté. Néanmoins, je dois vous accorder raison sur ce point. Des thermes devraient avoir un personnel de massage compétant et complet.

La conversation qui s’était instaurée entre les deux personnages était proche du banal, voire même de l’ordinaire. Ainsi, face à face, ils semblaient presque inoffensifs, ressemblants plus à de simples individus partageant un moment de détente plutôt qu’à ce qu’ils représentaient pour leurs peuples ennemis et moyennement commodes.

-Et même si vous aviez quelques tendances à vous mettre sciemment en danger fatal, je doute que vous trouviez dans notre cité de quoi satisfaire votre curiosité, ou tout autre sentiment qui aurait pu, ou pourrait, vous amener à nous rendre une petite visite. Notre capitale n’est plus ce qu’elle était. Mais pour en revenir au massage, excusez-moi donc du petit intermède dont je me suis permis de faire usage, n’avez-vous pas quelques servantes asservies qui pourraient accomplir avec perfection cette tâche ?