A table ! [PV Rapsody]

(suite de https://erotica.forumactif.org/chateau-blanc-f8/a-la-recherche-de-nourriture-pv-rap-t194.htm#1297)

S'il y avait bien quelque chose qu'Eloïse aimait par dessus tout, c'était la nourriture. Mais ce qu'elle aimait encore plus, était son nouveau maître. Il l'avait sauvé de la mort après tout, mais Eloïse se sentait bien avec lui, en sa présence. Elle ne savait pas dire pourquoi mais ce dernier la rassurait beaucoup.

C'est donc tout naturellement, lorsqu'elle vit Rapsody détourner les talons pour se diriger en dehors du château, qu'elle comprit qu'il avait accepté. Le visage de la petite ange s'illumina de bonheur, ses yeux se mouillèrent et elle sauta sur le dos de son maître, dans une effusion de joie et de cris non dissimulés.

Il fallait dire que la dernière personne qui l'avait emmené au restaurant l'avait par la suite violée, donc elle n'en gardait pas trop un bon souvenir. Mais là, le fait que son maître, non, son DIEU, l'emmène au restaurant, elle en était pâmée de joie.

Le dit DIEU n'avait pas trop l'air d'apprécier les câlins angéliques et la détacha pour la remettre par terre, là où Eloïse atterrit sur ses fesses. Oh, c'est vrai qu'il était un peu bourru et n'arrivait pas à montrer ses sentiments, mais Eloïse savait qu'au fond de lui, Rapsody était un être formidable de générosité, preuve en était la sortie imminente au restaurant.

Lorsque les deux comparses sortirent du château, Eloïse ne put cacher sa joie et bondissait partout, voletait autour du Dieu en le remerciant chaleureusement, et eut une soudaine envie de le couvrir de bisous.

Ce qu'elle ne fit pas, de peur, de vexer le Dieu.

Dans les rues chaudes de la ville, Eloïse suivait donc Rapsody et lorgnait chaque étalage de viande ou de légumes qu'elle croisait avec un oeil avide de nourriture. Les couleurs étaient magnifiques, le soleil haut dans le ciel et les gens heureux.

L'ange aussi, à vrai dire, était heureuse. Elle se demanda alors dans quel genre de restaurant, Rapsody voulait aller. Elle était sure qu'il aimait le poisson. Il avait une tête à aimer le poisson et quelqu'un qui sait manier l'harmonie et la mélodie ne pouvait être qu'un fin gourmet.

C'est donc une Eloïse bondissante qui demanda:

Miam miam où ?

Rapsody était donc descendu du château, l'ange lui tournant, voletant, rouladant, acrobatissant autour. Il était légèrement exaspéré de cette agitation mais au moins elle faisait du bruit, ça compensait le fait qu'elle était disons... Franchement insupportable. Attachante, mais insupportable. L'improbable duo descendit l'espèce de colline qui séparait la ville du château et descendirent dans la ville, où une agitation chaotique et capharnaümesque régnait, au plus grand ravissement de notre dieu du Son qui se croyait déjà au Paradis.

Il marchèrent du rant un bon moment, le DIEU cherchant chaussure à son pied -ou plutôt restaurant à son palais- alors qu'Éloïse (décidément) bavait devant tous les étalages de mortels le plus souvent grassouillets qui criaient des "la bonne pastèque ! Qui veux la bonne pastèque ?" et autres inepties du genre, une pastèque étant TOUJOURS bonne, nom de lui-même. Perfectionniste dans l'âme, Rapso ne pu s'empêcher de relever des éléments dérangeant dans cette ville. Les pavés n'étaient pas tous à la même auteur, le gens avaient un timbre de voix un ton trop grave et son ange LUI TOURNAIT ENCORE AUTOUR !!

-Éloïse, tu va te calmer un jour ? Si tu continue, je vais finir par être obligé de te mettre une laisse...

Il finirent par s'arrêter devant un restaurant assez coté, d'où un agréable ballet de fumets diverses s'échappait. Ils entrèrent, et allèrent s'asseoir à une table vide, à côté de l'entrée. Le larbin de service arriva, impeccable sur soi, tranchant net avec la tenue déplorable des gueux qui trainaient à l'extérieur de ces murs. Il leur demanda, d'une voix des plus mélodieuses, ce qu'il prendrait pour manger. Rapsody se contenta d'un verre de saké maison ainsi qu'une assiette de poisson, laissant Élo dévaliser à son aise les cuisines.

Les plats arrivèrent peu après (quelle célérité !) et Rapsody commença doucement son repas alors sa servante, comme d'habitude, se jeta comme une furie sur son assiette, avant d'en recommander une autre, puis deux puis trois, sous le regard hagard de son maître, encore fasciné de la contenance stomacale d'un si petit corps.

Mais évidemment, une telle situation sans emmerdeurs pique-assiette, ce n'était pas concevable. Au moment où Elo était à peu près à sa quatrième assiette, à en juger par les trois autres qui jonchaient la table, véritable champ de bataille alimentaire, entrèrent dans le restaurant trois individus aux vois désagréables. Tatoués de symboles abscons et de vêtements poisseux, ces trois jeunes brigands armés jusqu'au dents, il n'étaient manifestement pas là pour prendre le thé. Il s'amusèrent à terroriser les autres clients et, lorsqu'ils virent que deux clients ne tremblaient même pas, ayant même le culot de commander une autre assiette (c'était Rapso cette fois, même si Éloïse suivit peu après), ces trois ahuris, probablement le fruit d'un inceste ou de l'accomplement d'un bouc avec un clochard, à en juger par l'odeur nauséabonde qui habitait le restaurant, se mirent bille en tête de troubler le duo divin dans son repas.

-Eh vous deux là ! Dit le plus grand, un hurluberlu anorexique eux cheveux bleus portant un bâton des plus grotesquement taillés, vous avez payé votre cotisation ?
-Nan, répondit le Dieu sans daigner lever les yeux de son poisson, et je sais que le seul impôt que doivent payer les habitants de cette ville est celui des Dieux, seriez-vous assez prétentieux pour vous octroyer ce grade
-Ouais ! Rétorqua un autre, masse de muscle simiesque objectivement laid. On est des vrais dieux, on est trop fort !

Et les trois compères piteux s'embarquèrent dans un fou rire aux sonorités insupportables

-Éloïse ? Demanda le Dieu à sa servante, qui dévorait toujours son assiette, presque au sens propre du terme, alors que lui même buvait son verre de saké, tu peux me débarrasser d'eux ? Leurs voix insupportent. Et tant que t'y est (il releva la tête et avisa l'ange d'un regard énervé, tandis que ton tatouage croissait), fait le plus de bruit possible...

Il rabaissa la tête de son assiette, près à voir comment se débrouillait sa servante.

Il attendit alors la réaction de sa servante, tout en continuant à boire et à manger

Eloïse était aux anges, au sens propre comme au sens figuré. Elle était tout simplement heureuse, et quand l'ange a une joie de vivre, il faut qu'elle la communique à tout prix.

L'ange tomba en admiration devant la pastèque. C'était une grosse pastèque, peut-être la plus grosse qu'elle n'ait jamais vu. S'ensuivit alors une scène curieuse où Eloïse tenta d'hypnotiser le légume au grand dam du vendeur, qui la chassa finalement, de peur qu'elle fasse fuir les clients, les vrais cette fois.

C'est une Eloïse penaude qui suivit alors son maître à travers les rues de la ville. Elle recommença alors son manège de la danse apéritive en virevoltant autour du Dieu des vibrations avant de se prendre une remarque assez cinglante à laquelle elle répondit par un petit :

Pardon... toute penaude.

Et puis vint enfin le Graal, l'objet de la quête, le messie étant alors vêtu d'un uniforme impeccable et prononça la phrase magique:

Voici votre table, suivez-moi, je vous prie.

Eloïse avait foi en le messie et l'aurait suivi n'importe où du moment qu'il y avait du vin et des osties, beaucoup d'osties.

Eloïse s'assit alors en face de son Dieu et commanda tout un tas de plats aussi appétissants les uns que les autres, constitués principalement de poissons crus.

Sitôt les plats arrivés, Eloïse se rua dessus comme un prédateur sur sa proie, ne laissant aucune seconde de répit aux mets qu'on lui présentait. Eloïse était tout simplement heureuse quand elle mangeait et son visage avait arboré le plus beau de ses sourires, et elle lançait des regards pleins de reconnaissance à son bienfaiteur, entre deux bouchées bien sur...

Tant et si bien qu'elle n'avait même pas remarquer trois iconoclastes impies pénétrant dans le restaurant et empêchant les clients de manger. Ceci constituait aux yeux de l'ange le plus grand des outrages.

Lorsque les trois vandales vinrent à leur table et dérangèrent le couple en plein festin, Eloïse leva un oeil pour savoir qui la dérangeait en plein milieu de cette assiette de thon rouge, délicieuse entre nous.

Son Dieu lui demanda alors de faire fuir les trois compères. Ceux-ci hurlèrent de rire en avisant la petite ange frêle. Ce qu'ils ne savaient pas était que la contenance pulmonaire de l'ange était au moins proportionnelle à celle de son estomac, nonobstant sa petite taille.

Eloïse finit alors sa bouchée, pour ne pas gâcher la bonne pitance et prit une profonde inspiration.

Les trois larrons s'étaient à présent rapprochés d'elle et commençaient à la menacer.

Eloïse tacha de faire honneur à son maître en sortant son fameux cri de percement de tympans, connu de tous ceux qu'elle avait croisé le chemin.

La petite hurla alors, d'une vibration assez discordante mais parfaite dans la fréquence, dont les oreilles humaines ne se remettaient que très rarement:

HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !

C'est vrai quoi, on ne dérangeait pas Eloïse à table... Les gens ne connaissaient plus les bonnes manières de nos jours... Surtout que cette dernière, pour une fois, avait eu l'aval de son maitre pour hurler... Et elle n'en était pas peu fière arborant un large sourire de contentement.