Sous un ciel bas et lourd... [PV]

Les nuages s'étendaient dans le ciel, comme à l'infini, masse démesurée de noirs moutonnements, où perçait à peine par endroit un minuscule éclat de la lumière d'une étoile, aussitôt voilé par un déplacement de cette voûte sombre sous l'action du léger vent, comme si une quelconque puissance, quelque part, eu refusée que la lumière ne baigne cette plaine où tant, tant de guerriers avaient trouvés la mort, dans les fracas de la guerre et des massacres. La lune, qui avait pourtant dépasée son premier croissant, n'était visible nulle part, pas même par transparance. Peut-être ne s'était-elle pas encore levée, peut-être était-elle cachée par quelque couche nuageuse plus épaise que les autres, il n'aurait sû le dire. C'était une bien sombre nuit, sans aucuns doutes, et un lieu qui était bien lugubre, même quand le soleil l'innondait de ses rayons.

Mais il n'était pas venu ici pour trouver joie et gaité, et de toute façon il était bien insensible à ce genre de choses... Surtout ici. On disait ces plaines hantées, certes... Toutefois, si les fantômes des guerres passées rôdaient bel et bien par ici, et s'ils voulaient s'en prendre à lui, il se ferait un plaisir de les renvoyer dans les limbes d'où ils étaient sortis. Il avait prit trop de vie, vu trop des siens mourir sous la morsure de l'acier, connu trop de blessures en ces lieux, sans jamais laisser la peur le faire reculer, pour à présent ressentir de la crainte devant de simples ombres informulées. Aux âmes de ses ennemis, il ne souhaitait que damnation... Quant à celle de ses frères et soeurs d'arme, il ne voyait pas pourquoi elles n'auraient pas trouver le repos. Ils s'étaient battu pour une juste cause, sans doutes, et surtout ils avaient été vainqueurs. Et tous ceux qui étaient morts ici en des temps antérieurs, qu'ils reposent donc en paix, car ils n'avaient aucune raison de lui en vouloir.

Avec un soupir, il secoua la tête, agitant sa blanche crinière de cheveux. Cela ne lui resemblait pas d'avoir de telles pensées, et l'atmosphère devait probablement l'affecter plus qu'il ne le pensait. Ca faisait longtemps qu'il n'était plus venu ici, et plus longtemps encore qu'il ne l'avait fait de nuit... Sans parler de la couverture nuageuse plus qu'épaise ! Les différents éléments assemblés avaient dû avoir un quelconque effet sur lui. Les morts étaient morts. Ni plus, ni moins. On pouvait honnorer leur mémoire, si elle méritait de l'être, certes, et il ne savait ce qui les avaient attendu au-delà de la vie, mais ils étaient en tous les cas sortit du monde des vivants. Cette plaine n'était qu'une plaine... Enfin, à quelques petits détails près.

Cette fois, ce fût un léger sourire qui étira un instant ses lèvres. Des détails comme les restes d'armes et d'armures répendus de toute part, mêlés aux os d'êtres morts depuis longtemps. C'était comme si ces morts avaient été si nombreux qu'ils avaient chassés toute vie de ce lieu pour des siècles, des millénaires peut-être. De longues années s'étaient déjà écoulées depuis la grande bataille qui avait eu lieu en ce lieu-ci, bien particulier, mais les traces en subsitaient toujours sur cette plaine... Comme dans sa mémoire. Tant de sang versé, alors, tant de duels, tant de vies qu'il avait ravies, faucheuse impitoyable peu à peu gagnée par une rage sanguine et sans limites.

« Si longtemps en vérité... »

Sa voix, profonde comme les étendues océanes, était teinté d'une douceur bien mélencolique. Oui, fort longtemps depuis la Première Guerre des Elfes, la Grande Guerre contre les Démons, qui avait vu la défaite des armées démoniaques. Il se souvenait encore de comment ils avaient brisés leur élan sur les terres des Nymphes. Comment ils les avaient repousés jusqu'ici, pour les forcer ensuite à retourner définitivement sur leurs propres territoires. Une première victoire pour un premier conflit, une victoire éclatante, grâce à la Déesse de la Guerre qui était descendue parmi eux pour les aider, dans l'entraînement et même dans la bataille. Faisant d'eux une des grandes puissances de ce monde, avec laquelle il fallait à présent compter.

Oui, certes, malgré l'injuste bannissement d'Arès, malgré le grand coup qui leur avait été porté par le Dieu du Plaisir et leur propre décadence, ils restaient une grande force, le Général en était persuadé. Une force qui s'était acquise au prix de bien des vies, et qui serait conservée au prix de bien d'autres vies s'il le fallait, il en avait fait le serment. Elle serait même accrue, cette force, et les feux de la guerre embraseraient de nouveau le monde !

Définitivement, il souriait à cette pensée, tandis qu'il faisait changer de direction à sa blanche monture elfique. La lumière de torche magique, enchantée par un Mage des Elfes pour se consumer beaucoup moins vite et procurer de la lumière bien plus longtemps, il pouvait déjà discerner la coline où il se rendait...

» Une esclave, des sous, un peu de bonheur [PV Ulric]